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Économie

Déficit: des sueurs froides pour le gouvernement, qui envisage de durcir l'assurance chômage

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Le déficit public de la France s'élève donc à 5,5% du PIB sur l'année 2023. Comme prévu, il est supérieur aux prévisions du gouvernement. Il va donc falloir trouver de nouvelles économies, mais pas question d'aller trop vite au risque de faire monter la colère.

Le déficit public de la France a atteint 5,5% du PIB en 2023, a dévoilé ce mardi l'Insee, soit bien plus que les 4,8% de déficit réalisés en 2022 et que les 4,9% initialement prévus par le gouvernement pour 2023. Ce dérapage s'explique notamment par des recettes qui "ralentissent nettement en 2023", en progression de 2,0% contre plus 7,4% en 2022, expose l'Institut national de la statistique et des études économiques dans un communiqué.

Des comptes publics à la dérive, de quoi provoquer de nouvelles sueurs froides pour l'exécutif qui cherche désespérément de nouvelles économies. Mais au-delà de la pédagogie pour expliquer les raisons de ce dérapage, le gouvernement ne devrait pas se précipiter ce mardi à annoncer de nouvelles économies. "Rien avant le 9 juin" explique une conseillère ministérielle. Comprendre, pas de mesures impopulaires avant les prochaines élections européennes, 10 milliards d'économies ayant déjà été annoncées il y a plusieurs semaines.

Et pourtant, le débat existe déjà au sein de la majorité. "Je ne comprends pas comment on a pu se mettre dedans à ce point sur les impôts", regrette un parlementaire pour qui "quand on les augmente pour les milliardaires, on finit toujours par les augmenter pour les plombiers". L'urgence serait donc à repousser la douloureuse à plus tard et dans le cadre de la préparation du budget 2025. "Il faut arrêter de mettre des sujets dans la nature et travailler maintenant avec les parlementaires pour trouver 20 nouveaux milliards d'euros" explique-t-on du côté de Bercy.

"Le gouvernement s'acharne à baisser les droits des chômeurs"

Pour inverser la tendance, le gouvernement évalue donc plusieurs options. L'exécutif souhaite notamment redresser la barre en s'attaquant à l'assurance chômage. Gabriel Attal réunit ce mercredi un séminaire gouvernemental sur le travail, probablement assorti d'annonces sur le sujet. Deux objectifs, selon le Premier ministre: "partager notre stratégie pour le travail et contre le chômage, et préparer les grandes décisions que nous devrons continuer à prendre en la matière".

Une volonté de durcir l'assurance chômage alors même que les partenaires sociaux négocient en ce moment sur l'emploi des seniors. C'est la treizième réunion et les partenaires sociaux n'arrivent toujours à se mettre d'accord sur un texte. Mais sans attendre la conclusion de ces négociations prévue dans deux semaines, plusieurs voix gouvernementales veulent aller plus loin.

Au ministère du Travail, Catherine Vautrin soutient l'idée du Medef de créer un CDI fin de carrière pour encourager la reprise d'emploi des seniors. A Bercy, Bruno Le Maire plaide pour réduire la durée d'indemnisation pour tous.

Des interférences nocives, répondent les partenaires sociaux, pour le coup unanimes. "Le gouvernement s'acharne à baisser les droits des chômeurs", regrette le négociateur de la CGT, alors qu'un responsable patronal dénonce "une fébrilité qui le conduit à piocher dans les comptes de l'assurance chômage". Syndicats et chefs d'entreprise y voient surtout la volonté de l'Etat de gérer à leur place la protection sociale. Or rien ne dit qu'il serait plus efficace, critique le numéro un du Medef.

Jérémy Trottin et Victor Joanin avec Guillaume Descours