Déficit public: faut-il faire contribuer les retraités ? Emmanuel Macron rejette l'idée

Mettre les retraités à contribution pour rééquilibrer le déficit budgétaire de 2023 ? Fin février, le ministre des comptes publics Thomas Cazenave avait évoqué l’idée sur France Inter, avant d’être repris en Conseil des ministres par Emmanuel Macron. "Il faut arrêter de sortir des mesures qui n’ont même pas été évoquées, sauf si vous voulez perdre les élections [européennes]", avait-il répondu.
Pourtant, pour François Ecalle, président de l'association Fipeco et ancien magistrat à la Cour des comptes, invité chez Estelle Midi sur RMC et RMC Story ce lundi, le Président de la République "n'a pas raison d'être contre cette idée".
"Il faut bien avoir conscience que nous avons un déficit très élevé, une dette très élevée, et qu'il faut arriver à en reprendre le contrôle. Pour ça, il faut faire des économies qui sont considérables", justifie-t-il.
Mi-février déjà, le gouvernement avait annoncé des mesures de restriction budgétaire: 10 milliards d'économies sur le budget 2024, 20 milliards à trouver sur celui de 2025.
Et parmi ces dépenses, celles de retraites représentent "le quart" du total des dépenses publiques, à la fois celles de l'Etat, de la Sécurité Sociale et des collectivités locales, explique l'ancien magistrat à la Cour des comptes. "Ca va être difficile d'éviter un poste aussi important".
Moins indexer les retraites sur les pensions
Pour François Ecalle, la solution la plus simple dit-il, c'est de ne pas indexer totalement les retraites sur l'inflation. Elles ont été revalorisées au 1er janvier à 5,3%, pour un coût de plus de 14 milliards d’euros. Les retraités ont d'ailleurs un niveau de vie supérieur, en moyenne, à celui des actifs. Une situation "inédite" en Europe: "Sauf en Italie, dans les autres pays, il est nettement plus faible que celui des actifs", précise-t-il.
Alors, si on avait indexé sur un point de moins que l’inflation, on aurait fait une économie de "3 milliards": "ça va très vite".
Mais est-ce que cela peut être la solution pour rééquilibrer en partie le déficit public ? L'Insee doit officialiser ce mardi 26 mars le chiffre concret du déficit public, alors queBruno Le Maire avertit depuis début mars qu'il sera beaucoup plus important que prévu. Si l'Insee le confirme, il serait d'environ 5,6 % du PIB, alors qu’on tablait sur 4,9 %. La différence n’est pas mince : 0,7 point de PIB, cela représente près de 20 milliards d’euros.
Selon le rapporteur général de la commission des Finances du Sénat, Jean-François Husson, ce chiffre est révélateur d'"une gestion budgétaire calamiteuse", reprochant au gouvernement d’être "incapable de suivre la trajectoire budgétaire qu’il a lui même fait adopter".