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Distributeurs en voie de disparition, des frais plus chers, paiement sans contact: est-ce la fin de l'argent liquide?

Retirer de l'argent risque bientôt de vous coûter plus cher: les banques ont obtenu la possibilité d'augmenter le prix de la commission qu'elles prélèvent sur chaque retrait.

A chaque fois que vous retirez de l'argent à un distributeur qui n'appartient pas à votre réseau bancaire, votre banque paye une commission, et cette commission a été relevée de 56% le 1er janvier pour passer à 89 centimes.

Cette hausse risque d'être répercutée sur les clients en bout de chaîne, car dans la plupart des banques, à partir du 4e ou du 5e retrait par mois dans un autre établissement, sachez-le, vous payez environ 1 euro par retrait.

Pour justifier cette augmentation, les banques traditionnelles expliquent qu'entretenir les distributeurs de billets coûte cher, et elles doivent dorénavant subir la concurrence des banques en ligne qui, elles, n’ont pas ce problème.

10% de moins de distributeurs qu'il y a 5 ans

Et il y a justement de moins en moins de distributeurs de billets en France. Il y en a désormais moins de 53.000, c'est 10% de moins qu'il y a 5 ans. 8 communes sur 10 n'en sont pas équipées. Et sans surprise, ce sont les plus petites communes, dans les campagnes qui en souffrent. Environ 3 distributeurs y sont supprimés chaque jours. Résultat, dans les campagnes, on se débrouille comme on peut, notamment avec le cashback.

Le cashback, c'est quand votre commerçant se transforme en distributeur de billets. Exemple: vous allez chez votre buraliste acheter 10 euros de journaux mais vous payez 50 euros par carte bancaire et le buraliste vous rend 40 euros en liquide.

On se dirige doucement mais sûrement vers la fin de l'argent liquide

C'est pratique pour vous et pour lui puisqu'il a moins de liquide dans sa caisse. Mais ce service qui existe depuis un an est encore peu connu : parmi les grandes enseignes, seul Casino joue le jeu, et avec seulement 3 retraits par semaine et par magasin, on ne peut pas vraiment parler d'engouement pour l'instant.

On se dirige doucement mais sûrement vers la fin de l'argent liquide. Les paiements par billets vont reculer de 20 % d’ici 5 ans, prédit la Banque de France.

Ils sont délaissés par les jeunes. C’est notamment dû au paiement sans contact, dont le plafond est passé de 20 à 30 euros il y a deux ans. Il y a aussi les cagnottes en ligne, les applications de remboursement entre amis...

Un paiement par carte bleue émet 7 fois moins de CO2 qu’un paiement en liquide

Et puis la loi s’est durcie : les paiements en liquide sont aujourd'hui limités à 1.000 euros et à 300 euros dans l'administration. La fin de l'argent liquide arrange beaucoup de monde: les banques, parce que fabriquer et distribuer des billets coûte cher, l'Etat parce que ça rend la fraude fiscale plus difficile, et la planète, puisqu’un paiement par carte bleue émet 7 fois moins de CO2 qu’un paiement en liquide.

Beaucoup de pays ont déjà pris de l'avance : en Suède, certains restaurants et commerces n'acceptent que la carte bleue, impossible de payer en espèces, et en Chine, le paiement par smartphone s'est généralisé, un tiers des consommateurs l’utilisent alors qu’on est seulement à 2% d’utilisateurs en France.

Victor Joanin