ExxonMobil ferme son activité chimie à Port-Jérôme: "Un traumatisme pour ce territoire"

Le site ExxonMobil, à Port-Jérôme-sur-Seine en Seine-Maritime le 12 octobre 2022 - LOU BENOIST © 2019 AFP
Ils disent "non à la fermeture". Et non au PSE. Les syndicats d'ExxonMobil ont refusé ce mardi soir de signer le plan de sauvegarde de l'emploi proposé par le géant américain.
Le 11 avril, le groupe avait annoncé la fermeture de l'activité chimie du site de Port-Jérôme-sur-Seine, près du Havre (Normandie). Ce sont 647 emplois directs qui pourraient être supprimés. Pas 647 licenciements, car il y a des départs volontaires et des départs anticipés à la retraite, notamment.
La direction d'ExxonMobil peut donc relancer des négociations ou proposer un plan à la direction du travail. Sur place, tous espèrent le soutien des pouvoirs publics.
"Loin du compte"
Prise de parole sous une petite tente blanche et le grondement des cheminées. "Il n'y a aucune prise en compte de nos revendications. On a réussi à sauver 2% des emplois, donc 16, c'est ridicule", explique Germinal Lancelin, secrétaire de la CGT Pétrochimie. "On est loin du compte de ce qu'ExxonMobil peut faire."
Sur les conditions de départs aussi. Trop peu d'argent mis sur la table? C'est la colère du côté des salariés.
"ExxonMobil, c'est le premier pétrolier au monde. Quand on voit les mesures de départ pour les plus jeunes, c'est inacceptable. Ils peuvent lâcher un peu plus de ronds aux gens pour repartir sur une base meilleure!"
Christophe, un peu ému, est incrédule surtout. "Vous savez, après 36 ans de carrière... c'est inimaginable! Mon père a commencé en 1958, mon frère a travaillé là, j'y suis encore, c'est impossible à croire, c'est un crève-cœur", déplore-t-il.
Une anomalie
Pour les élus locaux aussi. Bastien Coriton, conseiller départemental du canton de Port-Jérôme-sur-Seine, explique: "Premièrement, il y a les salariés Exxon, mais deuxièmement, il y a tous les salariés des entreprises sous-traitantes qui sont dans l'expectative, qui seront amenées à licencier rapidement."
"647 emplois directs et largement plus de 2.000 emplois indirects, c'est un traumatisme pour ce territoire."
Et c'est une anomalie à l'heure de l'indépendance industrielle, souligne-t-il. Sont fabriquées ici des matières essentielles (pour produire des seringues ou les tableaux de bord des véhicules, par exemple) qu'il faudra demain importer de l'étranger.