RMC
Économie

Vers un jour de carence "d'ordre public" avec un premier jour d'arrêt de travail non-indemnisé dans le privé?

placeholder video
La ministre chargée du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a confirmé sur notre antenne mercredi que le premier jour d'arrêt de travail pourrait ne plus être indemnisé pour les salariés du privé.

Alors que le gouvernement cherche 44 milliards d'euros d'économies pour l'an prochain, on en sait plus sur le projet de réforme d'indemnisation des arrêts de travail. Sur notre antenne mercredi, la ministre chargée du Travail et de l'Emploi, Astrid Panosyan-Bouvet, a confirmé que le premier jour d'arrêt de travail pourrait ne plus être indemnisé pour les salariés du privé, sur le modèle de ce qui existe aujourd'hui dans la fonction publique.

Un jour de carence "d'ordre public" qui ne serait plus indemnisé, alors le projet divise. Autrement dit, ça correspond à une journée de salaire en moins. Un trou dans le porte-monnaie colmaté ni par votre employeur, ni par l'Assurance maladie. En bref : "qui ne serait remboursé par personne", résumait mercredi Astrid-Panosyan Bouvet.

"Très dissuasif"

La ministre du Travail qui s'exprimait sur notre antenne sur RMC et qui détaille: si le principe était consacré, c'est votre premier jour d'arrêt qui serait impacté. Et ce, peu importe l'ampleur des symptômes.

"Ce qui serait évidemment très dissuasif et limiterait les abus sur les arrêts courts".

Arrêts de travail à répétition, martèle Bertrand Martinot, économiste à l'Institut Montaigne, auteur de Le travail est la solution (Editions Hermann, coécrit avec Franck Morel). Alors seule solution pour les réguler, dit-il: la menace de frapper les salariés au portefeuille: "Si vous perdez une journée de rémunération, dans certains cas la personne est vraiment malade et quoi qu'il arrive, elle en paiera le coût".

"Et dans le cas d'un abus, elle prendra la décision de ne pas s'arrêter et ne demandera pas à son médecin de s'arrêter, simplement parce que ça lui coûterait cher", détaille-t-il.

"Baculer dans la précarité"

Un tollé du côté des syndicats de salariés.

"Une journée de travail en moins ça peut faire basculer des personnes dans la précarité", s'offusque Jocelyne Cabanal de la CFDT, tous victimes, dit-elle.

Car "sans tenir compte des différentes pathologies, l'endométriose, de l'asthme ou vous pouvez avoir besoin d'un arrêt court mais fréquent, c'est vraiment très dur". Bref, une atteinte au droit du travail, conclut-elle.

Le montant des indemnités journalières versées par l’Assurance maladie aux salariés en arrêt de travail a augmenté de 27,9% entre 2019 et 2023, pour atteindre plus de 20 milliards d’euros.

Solenn Guillanton avec Inès Zeghloul