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"Pas un plan d'austérité": la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet répond aux syndicats en colère

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Invitée de RMC, la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet écarte tout "plan d'austérité" dans le projet de budget 2026 du gouvernement. Elle vante une réforme de l'assurance-chômage qui continuerait de protéger les plus vulnérables comme les seniors et les jeunes actifs.

À la recherche de 44 milliards d'euros pour son budget 2026, le gouvernement veut économiser sur le marché de l'emploi. Au menu, moins de dépenses publiques pour les travailleurs avec une réforme de l'assurance-chômage, une hausse des jours de carence pour les arrêts-maladies, un plan contre les ruptures conventionnelles abusives et deux jours fériés de moins.

La ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet a rencontré une partie des partenaires sociaux lundi, la majorité refusant de s'y rendre. Présente à la réunion, la secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon a dénoncé mardi sur RMC "une punition générale", et un "carnage social", prévoyant une rentrée sociale bouillante.

"Les mots ont un sens, parler de carnage, de musée des horreurs, c'est perdre le sens des proportions", répond ce mercredi sur RMC Story la ministre du Travail Astrid Panosyan-Bouvet. "Parler de carnage, c'est très inhabituel de la part de la CFDT avec qui je partage beaucoup de convictions: on partage avec les organisations syndicales une forme de lucidité sur la situation difficile de la France. On a un PIB qui se paupérise et une spirale d'endettement", estime-t-elle.

"Ce qu'a proposé le Premier ministre François Bayrou, c'est ce n'est pas un plan d'austérité mais un plein de freinage de la dépense publique, de désendettement, ce n'est pas la Grèce, ni le Portugal ou l'Espagne", insiste la ministre.

Réforme de l'assurance-chômage

Reste que pour les actifs, à commencer par les chômeurs, les annonces s'apparentent à de l'austérité. Mais Astrid Panosyan-Bouvet tient à préciser: "Je ne serai jamais dans le discours des chômeurs fainéants qui grugent le système, être au chômage, c'est une situation qu'on a rarement choisie. L'assurance-chômage, c'est un filet de sécurité quand on est en perte de revenus après une perte d'emploi. C'est aussi l'incitation et le bon accompagnement pour retrouver un emploi", insiste-t-elle.

La ministre du Travail invoque une situation compliquée sur le marché du travail avec 450.000 emplois non pourvus et un employeur sur deux a des difficultés à recruter.

"L'idée c'est de protéger les plus vulnérables, les jeunes, les saisonniers et les seniors et ça n'existait pas dans le projet de réforme de Gabriel Attal", évoquant la réforme abandonnée de l'ex-Premier ministre.

L'interview RMC : Astrid Panosyan-Bouvet - 23/07
L'interview RMC : Astrid Panosyan-Bouvet - 23/07
13:07

Comment le gouvernement veut agir sur les ruptures conventionnelles

Le gouvernement veut aussi s'attaquer aux ruptures conventionnelles, en hausse de 18% depuis 2019 et qui représentent 25% du total des dépenses de l'assurance chômage, soit 10 milliards d'euros l'année dernière: "Ils ont des indemnités journalières supérieures et restent plus longtemps au chômage que ceux qui subissent des licenciements", déplore Astrid Panosyan-Bouvet.

Pour agir dessus, le gouvernement envisage de jouer sur le délai de carence qui pourrait être allongé avec le déclenchement de l'assurance-chômage: "On va faire évoluer les durées d'affiliation et d'indemnisation", prévient-elle.

Jours de carence

Autre levier d'économie, les jours de carence pour les arrêts-maladies qui passeraient de 3 à 7 alors qu'ils ont augmenté de 40% depuis 2019: "Il y a un vieillissement de la population active et ces indemnisations varient avec la hausse du Smic selon l'inflation donc 50% de cette hausse est explicable", explique la ministre du Travail.

"Mais il y a 35% des arrêts de travail liés à une augmentation des taux de recours tout âge confondus, en particulier des jeunes", rappelle Astrid Panosyan-Bouvet.

"J'assume de changer l'équilibre entre responsabilité individuelle, avec un jour de carence d'ordre public, un premier jour qui ne serait remboursé par personne, plus de responsabilité de l'entreprise et in fine la responsabilité de la collectivité pour les arrêts plus longs".

Et alors que certains dans le camp macroniste évoquent un retour sur les 35h, la ministre écarte toute idée du genre: "Ce n'est absolument pas sur la table", prévient-elle.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC