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Faut-il créer un nouvel impôt sur les riches pour financer la transition écologique?

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Pour accélérer la transition écologique, le gouvernement pourrait être obligé de mettre en place un nouvel impôt pour les plus riches, selon un rapport rendu public ce lundi. Un rapport qui embarrasse l'exécutif, alors qu'Emmanuel Macron avait promis qu'il n'y aurait pas de hausse d'impôts.

Un impôt pour réduire les émissions de gaz à effet de serre? C'est ce que recommande un rapport rendu public ce lundi par la Première ministre Elisabeth Borne, à l'occasion du Conseil national de la transition énergétique. Pour atteindre le cap fixé par la Commission européenne, le gouvernement, qui veut aller plus vite, doit trouver plusieurs dizaines de milliards d'euros chaque année.

Dans ce rapport commandé par Elisabeth Borne elle-même, l'économiste Jean Pisani-Ferry recommande, pour financer la transition climatique, de créer un impôt "exceptionnel et temporaire" sur le patrimoine financier des 10% plus aisés. Le but: trouver les dizaines de milliards d'euros par an qui devront financer cette transition, et répondre en même temps à une question de justice sociale, alors que les 10% de ménages les plus riches en France ont une empreinte carbone 2,7 fois plus élevée que les plus pauvres.

"Ces investissements ne vont pas augmenter la richesse collective"

Une proposition qui embarrasse déjà le gouvernement, alors qu'Emmanuel Macron a promis qu'il n'y aurait pas de hausse de la fiscalité d'ici la fin du quinquennat. Mais il faudra bien pourtant trouver jusqu'à 66 milliards d'euros par an pour financer la transition de l'industrie, des transports, des bâtiments ou de l'agriculture pour atteindre les 55% de baisse des gaz à effet de serre.

"On en arrive là parce que réduire nos émissions de gaz à effet de serre, cela signifie sortir des énergies fossiles, donc investir dans la rénovation des bâtiments, le changement de chaudières et les véhicules", justifie dans "Apolline Matin", ce mardi sur RMC et RMC Story, Selma Mahfouz, inspectrice générale des finances, co-autrice du rapport de France Stratégie remis à Elisabeth Borne. "Tous ces investissements coûtent plus cher, il va donc falloir dépenser massivement, jusqu'à 66 milliards d'euros par an", explique-t-elle.

"Ces investissements ne sont pas comme les investissements habituels. D'habitude, on investit plus pour produire plus et faire baisser les prix. Là, ces investissements ne vont pas augmenter la richesse collective", prévient Selma Mahfouz.

"La transition est fondamentalement inégalitaire"

Mais les riches ne seraient pas les seuls concernés, car tout le monde devra contribuer à son niveau pour enrayer le réchauffement climatique. Selon le rapport, les ménages de la classe moyenne devraient consacrer jusqu'à un an de salaire pour financer la rénovation d'un logement et l'achat d'un véhicule électrique.

"La transition est fondamentalement inégalitaire. Rénover son logement, pour un ménage modeste, cela coûte un an de ses revenus annuels. Il va donc falloir que l'Etat y contribue", ajoute la co-autrice du rapport, qui estime que la France n'a pas d'autres choix que de creuser encore son déficit, de 10 à 25 points de PIB d'ici à 2040.

Traumatisé par la crise des "gilets jaunes", le gouvernement reste encore très discret sur les mesures qu'il retiendra de ce rapport. Ce mardi, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire a martelé sur RTL qu'il n'y aurait pas de hausses d'impôts.

Guillaume Dussourt avec Jérémy Trottin