Faut-il supprimer le tarif réglementé de l'électricité?

L’Autorité de la concurrence veut supprimer les tarifs réglementés de l’électricité. Selon elle, cette offre dont le prix est fixé par les pouvoirs publics "limite le développement de la concurrence sur les marchés de détail". Un avis que ne partage pas la Commission de régulation de l'énergie, qui a recommandé au gouvernement le maintien de ce système pour cinq ans.
Une opposition frontale, et au bout de la chaîne, des millions de Français concernés. Aujourd’hui, 59% des particuliers et 35% des petits professionnels ont recours aux tarifs réglementés de l'électricité.
"Je constate que les deux autorités (...) ont des conclusions opposées sur certains points", a réagi ce mardi la ministre de l'Énergie, Olga Givernet qui souligne le "fort" attachement "des Français, et de la représentation nationale" aux tarifs réglementés, lesquels "jouent un rôle crucial dans le bon fonctionnement du marché".
Ces deux visions différentes ne sont pas nouvelles. Il y a ceux qui veulent la suppression des tarifs réglementés, car ils les considèrent comme des obstacles au libre jeu de la concurrence. Difficile de se battre contre un prix qui ne bouge jamais. Pour Anne Debrégeasse, économiste de l'énergie et porte-parole SUD-Energie, avoir des prix fixes permet surtout de protéger les consommateurs.
“Tout le monde reconnaît que les tarifs réglementés de vente ont permis un peu de stabilité dans une période extrêmement chahutée qui a quand même protégé les consommateurs. Et les entreprises ou les collectivités qui ne pouvaient pas bénéficier de ces tarifs réglementés ont eu des situations catastrophiques. Ils ont vu leur facture multiplier par 3, 4, 10 pour certains”, indique-t-elle.
L'exécutif très prudent
Autre argument, les tarifs réglementés privent les consommateurs de prix qui peuvent parfois être moins élevés. Un avantage, oui, mais toujours temporaire pour Anne Debrégeasse.
“Il peut y en avoir un qui va trouver un prix moins cher parce qu'en ce moment, les marchés ne sont pas chers, mais dans la majorité des cas, si les prix demain repartent à la hausse, ceux qui auront pris une offre de marché se retrouveront comme l’année dernière et comme l’année d’avant, avec des factures bien plus élevées que le tarif réglementé de vente”, insiste-t-elle.
L’exécutif reste d'ailleurs très prudent sur une éventuelle suppression, rappelant l'attachement des Français aux tarifs réglementés de l'électricité.