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Tarifs réglementés d'électricité: "La fin d'un calvaire" pour les boulangers, "mais ça reste un pansement"

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L'Assemblée nationale va voter des tarifs réglementés de l'électricité pour les TPE et notamment les boulangers. Une nouvelle accueillie favorablement mais qui arrive un peu tard, estime l'ensemble de la profession.

C'est peut-être la fin de la crise énergétique pour les TPE, les très petites entreprises de moins de dix salariés. L'Assemblée nationale s'apprête à voter des tarifs réglementés pour toutes les TPE, même les plus énergivores. Et notamment les boulangeries qui ont beaucoup souffert des hausses des prix de l'électricité et ont vu leur facture exploser, entraînant de nombreuses fermetures.

Concrètement, le texte devrait s’appliquer aux TPE, mais aussi aux petites communes, petits artisans et aux petits agriculteurs. La condition: avoir moins de dix salariés, moins de 2 millions d’euros de chiffres d’affaires, et utiliser une puissance supérieure à 36 kVA (en dessous, on y avait déjà droit).

L'invité de Charles Matin : Électricité, toutes les TPE aux tarifs réglementés ? - 29/02
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Certes, la mesure ne devrait s'appliquer qu’en février 2025, mais sa philosophie satisfait Pascal Wozniak, boulanger dans les Pyrénées-Atlantiques: "Ce sera plus avantageux pour nous, on ne pourra pas aller au-delà du plafond pour éviter de voir la facture multipliée par cinq, dix, comme on l'a vu".

Lui-même a vu sa facture d’électricité exploser, de 10.000 à 36.000 euros par an: "Je venais d'acheter une nouvelle boulangerie que j'étais en train de moderniser. Après ça, j'ai tout stoppé parce que j'étais sous l'eau. Cette loi va nous permettre de nous projeter à partir de 2025", ajoute Pascal Wozniak.

"Ce ne sera pas la solution"

"Ce sera la fin d'un calvaire avec une facture divisée par deux après avoir été multipliée par trois", abonde Frédéric Roy, boulanger à Nice, dans Charles Matin sur RMC. "J'aurais dû créer en emploi, je n'ai pas pu, j'ai du matériel à changer je ne peux pas. Je n'ai aucune vision à court, moyen et long terme pour mon entreprise", détaille l'artisan.

Mais cette bonne nouvelle arrive un peu tard pour Jean-Guilhem Darré, délégué général des indépendants et des TPE, car le tarif réglementé n’est plus si avantageux depuis que la loi a été proposée, tarif de marché et tarif réglementé étant alignés: "Nous sommes plus d'un an plus tard et le tarif réglementé a augmenté à 205 euros du MW quand les prix du marché ont baissé à 170 du MW. Cela n'aura d'effets positifs que dans le cadre d'une nouvelle crise", prévient-il.

"C'est une bonne chose mais ce ne sera pas la solution, ça reste un pansement", estime aussi Frédéric Roy, qui appelle le gouvernement à un travail de fond pour revaloriser l'artisanat. "Il n'y a pas que les factures d'énergie: les matières premières, rien n'a baissé et ça fait beaucoup de mal aux entreprises".

La proposition de loi défendue par Philippe Brun (PS) doit être examinée pour la troisième fois à l'Assemblée ce jeudi. Le gouvernement a trouvé un accord avec le député PS et le texte doit faire consensus. Le ministère de l'Economie estime qu’environ 1,1 million d’entreprises seront concernées. Avec les prix d'électricité en baisse, la mesure ne devrait pour l'instant rien coûter aux finances publiques.

Martin Cadoret avec Guillaume Dussourt