Faut-il taxer les vêtements des marques de "fast fashion", comme Shein?

Le ministre de la Transition écologique Christophe Béchu organise ce lundi un colloque sur ce thème intitulé "de l’ultra fast fashion à la mode durable". Ces enseignes proposant des t-shirts à moins de 4 euros ou des pantalons à moins de 15 euros connaissent depuis plusieurs années un succès grandissant. Un modèle de shopping qui n'est pas sans conséquences, alors que l'industrie textile représente environ 10% des émissions de gaz à effet de serre dans le monde.
Une proposition de loi pour freiner la progression de ces sites de fast fashion sera en parallèle discutée ce jeudi en commission à l'Assemblée. Portée par le parti Horizons, elle prévoit notamment d'instaurer un malus allant jusqu'à 10 euros par article (dans la limite de 50% du prix de vente). Et aussi d’imposer un message d’information sur les plateformes et l’interdiction de publicité pour ce type de vente.
"Aujourd'hui, une bonne partie de nos vêtements sont en polyester. Le polyester, c'est du plastique et vous savez à quel point le plastique a un impact notamment sanitaire mais aussi en matière de pollution chimique. Donc la fast fashion qu'on voit arriver depuis une dizaine d'années contribue très fortement à la surproduction de vêtements que, derrière, on ne sait pas recycler. Ce sont des vêtements qui sont de moins en moins portés ou en tout cas de moins en moins longtemps, et qui finissent en déchets", déplore Charlotte Soulary, responsable du plaidoyer à Zero Waste France, sur RMC ce lundi.
Derrière ses ongles rose fuchsia, Nina fait défiler les robes à l'infini. Cette cliente régulière serait prête à s'acquitter d'un malus pour continuer d'acheter des vêtements Shein. “Deux ou trois euros, mais vraiment pas plus. Par article, c’est déjà énorme”, indique-t-elle. Mais pour elle, le prix prime sur le respect de l'environnement.
“Oui, ce n'est pas bien, je le sais, mais je le fais. En même temps, c’est sur Shein que je fais mes grosses commandes. Je ne vais pas aller acheter français”, assure-t-elle.
Un marketing "ultra agressif" auprès des jeunes
Claire et Anouk achètent de moins en moins dans les enseignes de "fast fashion", mais n'ont pas réduit leur consommation de vêtements pour autant. “Tous les mois, on achète une dizaine de vêtements. Au moins cinq”, indiquent-elles.
Et ce qui les influence le plus, ce sont les réseaux sociaux, la meilleure vitrine pour ces enseignes. “Ça donne envie”, indique Claire. Le nerf de la guerre pour la députée Horizons Anne-Cécile Violland, qui porte cette proposition de loi qui sera débattue en séance à l'Assemblée le 14 mars, c'est la publicité.
“C’est vraiment un sujet majeur parce qu’on a de la part de ces entreprises, un marketing ultra agressif, ultra intrusif. Et quand je dis intrusifs, c’est justement chez nos jeunes”, assure-t-elle.
En plus du malus, Anne-Cécile Violland propose également de mettre en place des messages de sensibilisation.