Gratuité des transports en commun: est-ce une bonne idée?
Inciter à prendre les transports en commun plutôt que la voiture, c'est désormais l'objectif de tous les gouvernements qui multiplient les initiatives. Des pays entiers appliquent désormais une quasi-gratuité à grande échelle. C'est le cas du Luxembourg, de la Suisse qui tente de le mettre en place, ou encore de l'Autriche qui vient de lancer une carte annuelle, le "Klimaticket", que le gouvernement écologiste présente comme un levier majeur pour que le pays atteigne la neutralité carbone en 2040.
Comment ça fonctionne ? Le principe est redoutablement simple. Vendu 1095 euros pour un an, soit environ 3 euros par jour, ce ticket permet d’accéder à tous les trains nationaux, bus, trams et métros du pays, à volonté. Et que les opérateurs soient publics ou privés. Plus besoin d’acheter un ticket. Le problème évidemment, c’est que ça coûte cher à l’Etat, au moins 150 millions d'euros.
Une fréquentation en hausse
Est-ce une si bonne idée que ça de rendre les transports quasi-gratuits ? Dans ces pays qui sont petits, qui ont une vraie culture du train et un bon réseau peut-être. En France, c’est moins sûr. C'est vrai, la fréquentation augmente lorsque c'est gratuit, ça s’est vu à Châteauroux ou à Aubagne. Mais ce sont surtout d'anciens usagers qui intensifient leur usage. Le report de la voiture ou du deux-roues vers les transports reste faible.
Car ce n’est pas à cause du prix que les gens ne prennent pas les transports en commun. Ceux-ci sont déjà fortement subventionnés. Si les gens ne les utilisent pas, c'est parce qu'ils ne répondent pas à leurs besoins. Pire, ces subventions seraient autant de moyens qui ne seraient pas consacrés à la modernisation des infrastructures et des dessertes et pourraient aboutir à une paupérisation des transports publics.
Plusieurs villes en Europe ont déjà renoncé à cause du coût comme Bologne. Cependant, une cinquantaine de villes à l’horizon 2026 vont miser sur la gratuité.