Iran-Israël: quel impact aurait une escalade du conflit sur notre économie?

Après l'attaque de missiles, et de drones menée par l'Iran contre Israël dans la nuit de samedi à dimanche, le ministre de l’Économie, Bruno le Maire, a estimé lundi qu'"une dégradation supplémentaire au Proche ou au Moyen-Orient aurait un impact économique lourd". Très concrètement, cela signifie qu'en raison d'une escalade guerrière au Proche-Orient, notamment entre Israël et l’Iran, le litre d’essence pourrait très vite dépasser les deux euros, alors que le SP95 est déjà à 1,92 euro en moyenne. Et les perspectives de croissance pour 2024 pourraient venir se fracasser sur les réalités géopolitiques.
L’explication est simple. L’Iran, qui est membre de l’OPEP, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, détient la troisième réserve mondiale de pétrole. En effet, Téhéran débite 4 millions de barils par jour. Et l’Iran détient, par ailleurs, la deuxième réserve mondiale de gaz. Toute attaque israélienne contre des installations de production ou d’exportation de pétrole ferait s’envoler les cours sur un marché déjà tendu par les attaques des rebelles Houthis en Mer Rouge.
L’autre inquiétude serait la fermeture du détroit d’Ormuz, entre l’Iran et Oman par lequel transite chaque jour un cinquième de la production mondiale de pétrole.
Plus de chèques carburants
Pour le moment, on n’en est pas là. Les marchés avaient anticipé dans leurs prix la riposte iranienne. Contrairement, d’ailleurs, à la frappe israélienne sur le consulat iranien à Damas le 1er avril qui, elle, n’avait pas été anticipée par les marchés et avait fait bondir les prix du baril de 5%.
Ce n’est pas la première fois que Bruno Le Maire est alarmiste. Il y a deux ans, juste après le déclenchement de l’invasion russe en Ukraine, il disait: "Ce n'est pas exagérer que de dire que ce choc énergétique de 2022 est comparable en intensité, en brutalité, au choc pétrolier de 1973". Pour le coup, il avait raison, on a vu le résultat sur les prix de l’essence, du gaz et de l’électricité.
Sauf que le gouvernement n’a plus l’intention de faire des chèques et de pratiquer le “quoi qu’il en coûte”. Le gouvernement cherche déjà 20 milliards d’euros d’économies. Donc il ne va pas, en plus, charger la barque des déficits en nous aidant à faire le plein. Mais le 14 décembre dernier, au micro de RMC, Bruno Le Maire avait assuré que “si les prix du carburant explosent, nous activerons non plus un chèque, mais une indemnité carburant, élargie à plus de travailleurs”. Il avait même indiqué que “1,95 euro, semblait être un seuil raisonnable”. On y est presque.
Début avril, le prix du baril de pétrole a franchi la barre des 90 euros, soit une hausse de 16% des prix depuis le début de l’année. Et c’était avant les missiles iraniens sur Israël. Or, lundi, une note de la banque américaine Morgan Stanley a revu ses prévisions à la hausse et parle, en cas d’embrasement au Proche-Orient, d’un baril possiblement à plus de 100 dollars d’ici quelques mois.
Une réponse d'Israël à prévoir
Alors comment éviter ce scénario catastrophe? Par la diplomatie. Les Iraniens ont déclaré que, militairement, la mission était accomplie. Donc qu’ils n’avaient pas l’intention d’aller plus loin. Les pays arabes sunnites n’ont pas l’intention de laisser faire l’Iran chiite. Les pays amis d’Israël, comme la France et le Royaume-Uni, tentent de calmer le jeu. Quant à Joe Biden, qui pense à sa réélection, il fait pression pour qu’Israël ne déclenche pas une guerre plus large avec l’Iran. Notamment parce que, pour l’économie américaine, la question du prix du carburant est un élément essentiel.
Ce qu’on comprend en revanche, c’est qu’il y aura bien une riposte israélienne. Mais quand ? De quelle ampleur ? Sur l’Iran ? Sur le Hezbollah au sud-Liban ? La décision appartient au Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, et à son cabinet de guerre dont les membres ne sont visiblement pas d’accord entre eux.