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Économie

L'utilisation des tickets-restaurant dans les supermarchés bientôt prolongée au-delà du 31 décembre?

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Les tickets-restaurant pourront-ils être utilisés dans les supermarchés l'année prochaine? La question devrait être posée ce mardi à l'Assemblée nationale. Instaurée en 2022 pour lutter contre l'inflation, la mesure, plébiscitée par de nombreux Français, doit prendre fin le 31 décembre. Elle pourrait être prolongée voire même pérennisée. Une idée qui séduit les consommateurs, mais beaucoup moins les restaurateurs.

Depuis 2022, il est possible d'utiliser les tickets-restaurant en supermarché à raison de 25 euros par jour. Mais cette possibilité se termine le 31 décembre. À moins que députés et sénateurs ne votent pour prolonger le dispositif. C'est la proposition d'Olivia Grégoire, ancienne ministre chargée des PME et désormais députée de Paris. Un texte consacré à ce sujet est à l'ordre du jour à l'Assemblée ce mardi.

Certains députés, de la majorité et à gauche notamment, veulent également la rendre définitive. Un coup de pouce pour les Français, estiment-ils. Mais les syndicats des restaurateurs, eux, s'y opposent de peur que ça profite plus à la grande distribution qu'aux restaurants.

En permettant de payer ses courses, le système actuel du ticket-restaurant crée un gros manque à gagner selon les syndicats de la restauration. Ils s'opposent donc à une pérennisation totale du dispositif. Un avis partagé par le gouvernement, qui souhaite plutôt prolonger ce système d'une année supplémentaire, jusqu'à fin 2025.

Se pose aussi la question de la consommation des Français, qui change. Plus de 60% des salariés apportent désormais leurs repas sur leur lieu de travail, font valoir les députés favorables. Pour Alicia, étudiante en alternance, le ticket-resto, c'est plus qu'un coup de pouce. "Sur mes courses, il y a bien 80-90% qui sont payés avec ma carte ticket resto", indique-t-elle.

Elle préfère faire ses courses avec et se faire à manger pour le travail. C'est aussi ce que fait Rim, une cadre, car dans son quartier, elle ne trouve pas de plats en dessous de 15 euros.

“Si je paye 15 euros pour mon repas à midi tous les jours, je n’aurai plus d’argent sur ma carte au bout de 15 jours”, dénonce-t-elle.

Une baisse de revenus pour les restaurateurs?

Et pour Emmanuel, ce sont surtout les habitudes qui changent. Il télétravaille deux jours par semaine. “En général, en télétravail, ils ne vont pas au restaurant. Ils mangent chez eux ou alors ils vont aller en vitesse s’acheter quelque chose à côté de la maison”, pointe-t-il.

Et c'est bien le problème pour Pascal Mousset, président du groupement des hôtelleries et restauration d'Île-de-France, qui craint une baisse des revenus des restaurateurs.

“On parle de centaines de millions qui vont aller pour la grande distribution plutôt que de rester dans la restauration. Certes, c’est un avantage de pouvoir d’achat pour les Français, mais on ne peut plus l’appeler ‘chèque restaurant’”, assure-t-il.

Pour tenter de trouver un compromis, les restaurateurs proposent de créer un double plafond. L'idée est partagée par plusieurs députés: pourvoir payer davantage au restaurant qu'au supermarché avec ses tickets-restaurant. Par exemple, 30 euros chaque jour au restaurant, contre 15 euros maximum au supermarché.

Mais plusieurs acteurs du dossier s'interrogent sur la faisabilité d'une telle mesure. Elle pourrait créer une rupture d'égalité entre grande distribution et restauration, pour un même moyen de paiement.

Laura Blairet et Romain Cluzel avec Guillaume Descours