La consommation augmente moins que le pouvoir d’achat: quelles explications?

Il y a un mystère autour de la consommation, qui reste très timide alors que le pouvoir d’achat augmente. Si l’on en croit l’Insee, en 2023, la consommation a augmenté de 0,9%, exactement au même rythme que le pouvoir d’achat. En 2024, la consommation a augmenté exactement au même rythme qu’en 2023, +0,9%, sauf que le pouvoir d’achat a lui augmenté de plus de 2%.
Et ces gains de pouvoir d’achat, les Français ne les ont pas dépensés. Ils les ont épargnés et souvent, de la façon la plus basique, en laissant l’argent dormir sur leurs comptes.
Peur du lendemain?
Alors, quelle est l’explication? Il y a plusieurs hypothèses. La première est celle soulevée par le patron de l’Insee, Jean-Luc Tavernier, qui parle de "biais cognitifs", d’erreurs de perception. Ce qui est vrai, c’est que les Français sont beaucoup plus sensibles aux hausses de prix qu’aux baisses et mettent six mois à intégrer les baisses.
La deuxième, c’est que le patron de l’Insee a raison au niveau global: les revenus de beaucoup de Français ont augmenté (retraites, minima sociaux, traitements des fonctionnaires), mais peu pour chaque Français.
La troisième, c’est qu’en matière de pouvoir d’achat, il y a la quantité et la qualité et la hausse de 2024 intègre des rentrées exceptionnelles (primes JO par exemple) qui ne sont pas une vraie augmentation durable de la feuille de paye.
La quatrième, c’est celle de l’incertitude et de la peur du lendemain. Et là, les motifs de prudence sont nombreux. A quelles hausses d’impôts faut-il se préparer? Alors que les perspectives économiques s’assombrissent, au vu par exemple du nombre de faillites, est ce que je risque de perdre mon travail?
La cinquième hypothèse, c’est celle du nouveau rapport à la consommation qui s’est installé, vers une consommation plus sobre, en témoigne la baisse des dépenses de vêtements par exemple.
Du mieux en 2025?
En 2025, on s'attend à ce que la consommation redémarre doucement. Il y a des signes notamment sur la consommation alimentaire, qui avait beaucoup baissé en réaction à l’inflation. Mais pas sûr qu’il y ait une remontée en gamme dans la foulée. Ça devrait aller mieux sur les loisirs, qui sont devenus une priorité depuis le Covid.