RMC

La natalité française inquiétante? Pourquoi François Bayrou tire la sonnette d'alarme

EXPLIQUEZ-NOUS - François Bayrou, le haut-commissaire au plan, propose un pacte national pour la démographie. Il s'inquiète de signes très préoccupants concernant la natalité Française.

François Bayrou lance l’alerte, le haut-commissaire au plan, parce que la dynamique française est en train de se dérégler. La France, il y a dix ans était championne d’Europe de la natalité avec un peu plus de deux enfants par femme. 10 ans plus tard, on est descendu à 1,83 enfants par femme ce qui n’assure pas le renouvellement des générations.

On vient de vivre six années consécutives de baisse des naissances. Le solde démographie, c'est-à-dire la différence entre les naissances et les décès n’a été que de 140.000, c’est la plus faible augmentation de la population française depuis la deuxième guerre mondiale. Voilà le constat, sans appel : depuis 2010, nous faisons de moins en moins de bébés.

La crise du Covid-19 n’a pas amélioré les choses

Le confinement aurait pu booster la natalité, puisqu'on était enfermés ensemble, mais pas du tout. C’est l’inverse qui s’est passé. En 2020 le nombre des naissances a baissé de 7%, mais surtout début 2021, c'est-à-dire 9 mois après le strict confinement de mars, la baisse a été de 13% ce qui est énorme.

Le rapport du commissariat au plan ne tranche pas entre deux hypothèses. Soit il s’agit juste d’un report des projets d’enfants et dans ce cas-là il y aura un rattrapage. Soit au contraire c’est le signe d’une inquiétude durable et donc le déficit de naissance pourrait s'inscrire dans la durée.

Le risque, c’est de voir la population française baisser?

Ca n'est jamais arrivé, mais ça pourrait. L'Italie par exemple a vu sa population diminuer l’an dernier de 380.000 habitants, l'équivalent de la population de Florence. Ce chiffre a créé un choc dans le pays. Et ce n’est certainement qu’un début.

Des projections récentes de l’ONU annoncent que de nombreux pays verront leur population décroître au cours des prochaines décennies. Et pas qu’un peu. 23 pays pourraient perdre la moitié de leur population. D’ici 2060, l’Italie passerait de 60 à 30 millions d’habitants, l’Espagne de 46 à 23 millions, le Portugal de 11 millions à 5 seulement.

En Europe, seules la France et la Grande-Bretagne parviendrait à maintenir à peu près le même niveau de population.

La France qui ne peut pas se permettre de ne pas avoir une démographie dynamique

Non et c’est ce que l’argument central du rapport Bayrou. Notre système de retraite est basé sur la répartition. Ceux qui travaillent cotisent pour les retraités. Les jeunes paient pour les vieux. Et c’est vrai aussi pour l'assurance maladie. Les actifs cotisent. Les retraités dépensent.

C’est un système presque unique au monde, dont la France est fière. Un système basé sur la solidarité. Mais cela ne fonctionne qu’avec une pyramide des âges équilibrée. Il nous faut plus de jeunes que de vieux. D’où l’obligation faite à la France de réagir.

Alors que propose François Bayrou ?

D’agir sur les deux leviers dont on dispose. La natalité et l’immigration. L’un ou l’autre de ces leviers ne suffira pas.

François Bayrou sait que la question de l’immigration est sensible alors il est très prudent dans l’expression. “La France doit accueillir des personnes d’autres pays” dans des proportions raisonnables. De façon à garantir la cohésion nationale.

Le haut-commissaire au plan ne se risque pas à chiffrer ce que sont les proportions raisonnables mais on retient qu’il affirme que la France ne pourra pas se passer de l’immigration.

L’autre levier à actionner, c’est l’encouragement de la natalité. François Bayrou critique les mesures prises pendant le quinquennat de François Hollande. Le plafonnement du quotient familial et la forte baisse des allocations familiales pour les très haut revenus.

François Bayrou demande que l’on revienne à une politique lisible et cohérente, pour instaurer un climat de confiance.

Le rapport cite l’exemple de l’Italie qui vient de décider d’accorder aux familles 250 euros par enfant, jusqu'à ses 21 ans. Sans condition de ressources. Cela fait donc 500 euros pour deux enfants, alors qu’en France, c’est 132 euros maximum pour deux enfants. 

“Il faut se ressaisir" conclut le rapport Bayrou. On comprend, “augmentons les allocs !”.

Nicolas Poincaré (avec J.A.)