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La verrerie française Duralex placée en redressement judiciaire

De la vaisselle Duralex présentée dans un showroom à La Chapelle-Saint-Mesminon le 26 novembre 2012

De la vaisselle Duralex présentée dans un showroom à La Chapelle-Saint-Mesminon le 26 novembre 2012 - Martin BUREAU © 2019 AFP

Le tribunal de commerce d'Orléans a prononcé ce mercredi 24 avril le placement en redressement juciaire de la société verrière Duralex.

Le tribunal de commerce d'Orléans a prononcé ce mercredi 24 avril le placement en redressement juciaire de Duralex, avec une période d'observation de six mois. Les emplois des 230 salariés de l'usine historique installée à La Chapelle-Saint-Mesmin, dans le Loiret, sont menacés.

Au cours d'une audience qui a duré un peu plus d'une heure, le tribunal a nommé deux mandataires judiciaires, et renvoyé à une nouvelle date d'audience au 5 juin. "Le tribunal espère trouver un repreneur" pour la société française en difficulté, a expliqué à la presse un magistrat à l'issue de l'audience.

La société verrière avait demandé mardi 16 avril son placemment en redressement judiciare. Duralex avait subi de plein fouet la flambée des prix du gaz consécutive à l'invasion de l'Ukraine par la Russie début 2022, et avait été sauvé temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'État, qui lui avait permis de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

Cependant, au cours de l'exercice 2023, "de nouvelles difficultés ont émergé", attribuables à l'inflation, à un environnement de consommation "en fort retrait" et à une "concurrence exacerbée", indique la société:

"Duralex est en difficulté depuis pas mal d'années"

Durant l'audience, au cours de laquelle les juges professionnels ont entendu la direction mais aussi les représentants syndicaux du Comité social et économique (CSE), les salariés "ont demandé des explications, qu'on attend toujours", a commenté la salarié de Duralex depuis 1992 et élu CGT.

En attendant la prochaine audience, les administrateurs et le mandataire "vont faire l'état des lieux", a poursuivi le syndicaliste, précisant que les 230 salariés allaient "pouvoir continuer à travailler".

"La période d'observation a pour objectif de trouver un repreneur pour New Duralex International visant ainsi à obtenir la meilleure solution possible", a réagi l'entreprise dans un communiqué, précisant que "durant cette période, l'activité se poursuit comme à l'accoutumée".

"Tous les acteurs s'organisent, à la fois au niveau local et national, dans la recherche d'un repreneur", a assuré de son côté le ministère délégué à l'Industrie et l'Energie. "Si une offre de reprise solide émerge, l'Etat sera prêt à l'accompagner", a-t-on ajouté de même source.

"Duralex est en difficulté depuis pas mal d'années", avait concédé plus tôt la nouvelle PDG de l'entreprise, Géraldine Fiacre, dans un entretien au quotidien régional La République du Centre. Selon M. Dufranne, "elle a dit à l'audience qu'elle n'avait pas une +baguette magique+" pour redresser les comptes mis à mal par la crise énergétique puis par une forte chute de la consommation en 2023.

Duralex avait déjà été placée en redressement judiciaire il y a trois ans et sauvée in extremis. Pour le délégué Force ouvrière (FO) Gualter Teixeira, 50 ans dont la moitié passée dans l'usine Duralex, la situation relève d'"un problème de gestion de la société", dont "les coûts fixes de 2,5 millions d'euros mensuels" sont trop importants.

"La tour Eiffel de la vaisselle"

En attendant, si "les fours continuent de fonctionner, les camions des fournisseurs sont à l'arrêt et les agences d'intérim ont déjà rappelé les 30-40 intérimaires présents chez Duralex",s'inquiète François Dufranne.

Selon lui, "avant, il y avait 1.500 salariés Duralex", qui a fait la fierté de la production industrielle française avec ses verres et ses assiettes colorés réputés incassables, vantés par l'entreprise comme "la tour Eiffel de la vaisselle".

"L'outil est là, le four fonctionne, on a encore des clients et des commandes...", tente de se rassurer Michaël Ramos, 49 ans, encore sonné.

Ce contrôleur qualité chez Duralex depuis 29 ans rentrait à peine d'un séjour avec l'entreprise au Mexique lorsque l'annonce d'une demande de redressement judiciaire est tombée: "Je me suis dit +allez c'est reparti+", se désole-t-il, tout en se demandant "qui va être le nouvel employeur".

La semaine dernière, la CGT du Loiret dénonçait une "décision politique" visant "à rationaliser et optimiser l'investissement des actionnaires" qui auront, selon le syndicat, empoché "des millions d'euros d'aide financière de l'État et des collectivités territoriales, dont les 15 millions versés dernièrement".

Duralex, confrontée à la flambée des prix de l'énergie après l'invasion de l'Ukraine par la Russie en 2022, avait été sauvée temporairement par un prêt de 15 millions d'euros de l'État. De quoi permettre à l'usine de rouvrir son four verrier et de relancer sa production après cinq mois de fermeture.

En parallèle, la société New Duralex International (NDI) dit avoir été condamné récemment à payer les droits à polluer de l'ancien propriétaire de Duralex. Aucun chiffre n'a été détaillé au cours de l'audience de mercredi, ont précisé plusieurs sources syndicales et judiciaire.

LM avec AFP