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Économie

Le secteur agroalimentaire vent debout contre les pratiques "inacceptables" des distributeurs

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Les agriculteurs et les industriels de l'agroalimentaire ont adressé une lettre à Thierry Breton, commissaire européen au Marché intérieur, pour dénoncer les pratiques d'achat de Leclerc et Carrefour. Du "bla-bla" selon Michel-Édouard Leclerc.

Les agriculteurs et les industriels de l'agroalimentaire lancent un haro sur les centrales d'achat. Les syndicats d'agriculteurs (FNSEA, Jeunes Agriculteurs) et des représentants d'industriels (ANIA, ILEC) ont écrit à Thierry Breton, le commissaire européen au Marché intérieur.

Des pratiques "inacceptables"

Tous ensemble, ils dénoncent les pratiques "inacceptables" des distributeurs qui contournent le droit français. Depuis quelques années, les grands distributeurs comme Leclerc ou Carrefour s'allient avec d'autres enseignes européennes pour faire de très, très grosses commandes groupées dans des pays comme la Belgique ou l'Espagne.

Selon les élus qui suivent ce dossier de près, l'avantage est double: les prix de ces énormes commandes sont moins chers et en plus, les enseignes n'appliquent pas la loi française qui vise à protéger le prix de production des matières premières, et donc les revenus des agriculteurs.

"Aucun magasin Leclerc ne contournera le droit français", a pourtant assuré Michel-Édouard Leclerc.

Le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, invité ce vendredi dans le Face à face sur RMC et BFMTV, a jugé "incroyable que des acteurs de la vie économique qui vivent de la PAC, qui vivent de l'Europe, viennent nous dire qu'il ne faut pas aller s'allier avec un distributeur allemand ou hollandais pour négocier avec Nestlé, Procter ou Unilever". Il a également dénoncé le fait que "eux-mêmes le font pour acheter leurs engrais et leurs tracteurs".

Cela touche, par exemple, les produits laitiers, les légumes en conserve, les céréales qui servent à la fabrication des pâtes. Cette pratique se développe depuis quelques années, et la crainte de plusieurs acteurs, c'est que d'autres marques, comme Intermarché ou Auchan, franchissent aussi le pas dans les prochains mois.

Leclerc se défend

Michel-Édouard Leclerc a qualifié cette lettre de "bla-bla". "95% du lait que je vends sous la marque Leclerc, c'est du lait français. 80% du lait qui est dans nos crèmes desserts, nos produits transformés, nos fromages, c'est du lait français. 100% de la viande, et c'est vrai aussi pour Intermarché, est française et si possible bretonne", a-t-il affirmé.

"Ce que nous négocions en Europe, c'est des produits d'entretien, des produits de consommation courante", a-t-il précisé.

Pour le président du comité stratégique des centres E.Leclerc, ces négociations doivent profiter au "consommateur français" qui "a le droit d'avoir le meilleur du prix européen."

Ces représentants d'agriculteurs et d'industriels appellent à renforcer la législation européenne, pour forcer les distributeurs à appliquer le droit français dès qu'un produit est destiné à terminer dans les rayons français. Si la situation ne s'améliore pas, plusieurs parlementaires français envisagent de lancer une commission d'enquête.

Romain Cluzel (avec T.R.C.)