"Ils nous ont raconté des bobards": Michel-Édouard Leclerc cible encore les industriels sur l'inflation

"Il faut que cette année, en 2024, l'inflation nationale n'excède pas 2,5%." Tel est l'objectif de Michel-Édouard Leclerc, président du comité stratégique des centres E.Leclerc, invité du "Face à face" ce vendredi sur RMC-BFMTV. Pour lui, l'augmentation "délirante" des prix doit cesser, alors que 65% des Français pensent que leur pouvoir d'achat se dégradera l'année prochaine, selon le dernier baromètre du “pouvoir d'achat au vouloir d'achat" réalisé par OpinionWay pour Bonial.
Cela passera, selon Michel-Édouard Leclerc, par le maintien de la stratégie des centres E.Leclerc à vouloir baisser les prix: "Il y a une leçon à tirer de toute cette année, c'est que ça ne sert à rien, pour les producteurs, comme pour les distributeurs, de prétendre vendre plus cher s'ils ne vendent pas. Donc notre démonstration, baisser les prix et essayer d'être le moins cher, tire le marché".
"On va casser l'inflation, et la ramener aux alentours de 2%" sur les produits de consommation courante, envisage-t-il.
Michel-Édouard Leclerc va négocier avec les industriels et les appeler à une "déflation", au risque de ne pas vendre les produits des marques qui n'accepteraient pas de baisse. "Toutes ces grandes marques ont besoin aujourd'hui de reconquérir la confiance des consommateurs. Cela va se passer chez nous et nous allons leur offrir, de façon un peu musclée s'ils ne veulent pas, de rebaisser leur prix, de le re-étalonner", a-t-il affirmé, leur promettant de leur apporter de la croissance.
Leclerc veut expliquer les hausses de prix
Michel-Édouard Leclerc pointe la responsabilité des industriels dans l'augmentation des prix: "Les distributeurs disent qu'ils se sont fait avoir, les consommateurs se sont fait avoir, et les industriels n'ont pas su, sur les trois dernières années, renégocier leurs contrats d'approvisionnement en énergie et en transport. Si bien qu'on a eu une chaîne de répercussion des coûts délirante."
"Il y a deux rapports de l'inspection générale des finances qui ont établi qu'au fond, l'inflation avait financé, pour 25%, les marges de nos grands industriels", a-t-il ajouté.
Le rapport de force entre industriels et distributeurs n'est "pas transparent", selon lui. "Ces deux dernières années, ils nous ont raconté des bobards. Nos employés ont besoin, aujourd'hui, d'offrir aux consommateurs des prix explicables. Quand un chef de rayon ou une caissière sont incapables d'expliquer pourquoi les pâtes ont augmenté de 40%, c'est qu'il y a un truc", a-t-il assuré, promettant que si les augmentations de prix ne sont pas explicables, ses enseignes les refuseront.