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Les commerces alimentaires disparaissent des villages: "Bien plus grave que ce qui se passe à Matignon"

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C'est un nouveau chiffre qui illustre la désertification des campagnes. Selon l'Insee, deux communes sur trois en France n'a plus de commerce alimentaire. La faute notamment au e-commerce mais aussi à l'implantation de grandes surfaces qui tuent les commerces de proximité.

Presque deux communes sur trois n’ont plus de commerce alimentaire. C’est trois fois plus qu’en 1980. Il y en a exactement dans 62% des communes, contre 25% en 1980 selon l’Insee. C’est le résultat de la désertification progressive des campagnes, de la multiplication des grandes surfaces qui ont absorbé toute l’offre alimentaire à 20 km à la ronde.

Une étude européenne montre par exemple que dans les quatre ans suivant l’installation d’une grande surface, entre 20 et 30% des petits commerces alimentaires de centre-ville disparaissent autour. Plus récemment, le e-commerce a encore aggravé la tendance.

Cette désertification n’est pas sans effets sur la qualité de l’alimentation et la santé des Français. Des études internationales montrent que les habitants des zones qui ont un accès difficile à des produits frais mangent davantage de produits transformés. Ils présentent même une espérance de vie plus faible d’environ 2 à 3 ans, d’autant plus importante que le niveau de revenus est faible.

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Lechypre d’affaires : Près de 2/3 communes n'ont plus de commerce alimentaire - 09/10
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La bonne nouvelle, c’est que les initiatives pour compenser cette désertification se multiplient. Il y avait beaucoup de programmes publics pour tenter de revitaliser les petits centres villes, ces multiples dispositifs d’aides dont la France à le secret sous l’égide du conseil national du commerce notamment.

Distributeurs automatisés, supérettes autonomes... de vraies solutions?

Mais la nouveauté, ce sont les solutions sans personnel, mais avec beaucoup de technologie qui fleurissent dans les bourgs. Comme les distributeurs automatiques qui délivrent des produits frais, du pain, des plats cuisinés. Des supérettes autonomes, connectées sans caissier, dans lesquelles vous pouvez trouver jusqu’à 700 références. Ce sont les casiers dits fermiers ou plus largement multi-services.

Aujourd’hui quelques milliers de distributeurs automatiques dans quelques centaines de supérettes alors qui n’existaient pas il y a encore cinq ans.

"On se heurte parfois au refus des maires pour s'installer"

Il y a également les commerces itinérants qui vont de villages en villages. C’est le cas de Céline, propriétaire d’un coffee truck. Elle tente de ramener la vie dans les villages, non sans obstacles.

“En Haute-Gironde, il y a vraiment beaucoup de villages où il n’y a plus un seul commerce. Notre but était de ramener le café du village dans les communes. Mais il y a beaucoup de communes où on se heurte au refus des mairies à ce qu’on s’installe dans les villages. Ils refusent souvent à cause du côté administratif qui leur prend trop de temps. Ils n’ont pas envie de faire l’effort de le faire et du coup, on a reçu peut-être 90% de refus sur toutes les mairies que l’on a contactées”, regrette-t-elle.

62% des communes privées de commerces alimentaires - 09/10
62% des communes privées de commerces alimentaires - 09/10
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Pourtant, elle constate une vraie demande de la population locale. “Là où les maires nous ont accueillis, là où les maires sont un peu plus jeunes et veulent redynamiser leurs villages, là on a été accueilli et les gens viennent, ça fonctionne. Les gens sont contents, ils peuvent se retrouver, ils s’assoient sur notre terrasse, ils refont le monde, ils passent du bon temps”, assure-t-elle dans les Grandes Gueules ce jeudi.

Pour la militante écologiste Flora Ghebali des Grandes Gueules c'est un "drame" qui est bien plus inquiétant que ce qui se passe à Matignon actuellement. "C'est la vie locale qui disparaît", regrette-t-elle.

"C'est toujours une bataille pour garder un commerce, les mairies aident, mais il y a une responsabilité aussi des habitants des villages qui ne vont pas forcément faire leurs courses dans le commerce du village quand il y en a un et après sont étonnés quand il disparaît", note de son côté Charles Consigny.

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