Minecraft, Fortnite… Pourquoi des associations attaquent des éditeurs de jeux vidéo

Minecraft, Fortnite et d’autres jeux vidéo dans le viseur des associations de consommateurs. Une plainte pour "pratiques commerciales trompeuses" a été déposée contre sept éditeurs, par 22 associations européennes qui alertent la Commission européenne, à Bruxelles. Elles leur reprochent de profiter de la vulnérabilité des joueurs les plus jeunes pour les inciter à dépenser davantage.
Concrètement, comment s’y prennent-ils? Avec des monnaies virtuelles… Les joueurs de jeux vidéo seraient trompés et poussés à dépenser de l’argent bien réel. Ces monnaies spécifiques, intégrées aux jeux, dont le joueur ne connaît pas la valeur réelle, on appelle ça des "gemmes", des "pièces", des "points", des "crédits". C’est la confusion qui est aussi pointée du doigt. Car c’est comme si on vous disait de convertir de tête des euros en rouble, en roupie, en yen, à un moment où vous voulez dépenser. D’autant que ces achats améliorent l’expérience de jeu, comme la progression dans la partie. Vous personnalisez votre personnage, vous achetez des objets virtuels, des armes, des pouvoirs, des tenues… Ça dépend bien sûr du jeu. Et certaines fonctionnalités ne sont accessibles qu’en payant. Les enfants, évidemment, sont plus fragiles, plus exposés, plus faciles à arnaquer. D’autant qu’a priori, c’est pas leur argent!
Ce sont des blockbusters du jeu vidéo qui sont visés, des géants de l’industrie. Et d’autres pourraient rejoindre ce catalogue… Les éditeurs de Minecraft, Roblox, Fortnite, Clash Of Clans, FC 24 (le nouveau nom de FIFA), l’éditeur français Ubisoft aussi. Sur téléphone, 81% des jeux proposent des achats intégrés.
Une solution simple, afficher le prix réel
Combien les enfants dépensent-ils en moyenne par mois pour des achats à l’intérieur des jeux vidéos? 40 euros! C’est ce qu’affirme le Bureau européen des unions de consommateurs, qui coordonne plusieurs associations de consommateurs européens. En 2020, les achats intégrés ont généré 46 milliards d’euros dans le monde. Les associations dénoncent un manque de transparence: "Les joueurs ne devraient pas avoir besoin d’une calculatrice pour prendre une décision éclairée".
Cette méthode ferait oublier qu’on dépense de l’argent réel. Et tout est calculé pour acheter plus que de nécessaire… Par exemple, vous pourriez vouloir acheter le pack "Avènement Satanique" dans le jeu Diablo IV. Il vous en coûtera 700 pièces de platine, qui ne sont pas vendues à l’unité. Il vous faut donc acheter un lot de 1.000 pièces, soit un surcoût de 43%. Et vous ne pourrez pas reconvertir vos monnaies en euros. Vous voilà avec des pièces de platine en trop et vous allez avoir envie d’effectuer de nouveaux achats. Puis de recharger, car c’est un cercle vicieux.
Le surcoût est de 100% sur le jeu de foot FC 24, comme pour Minecraft, 150% pour Fortnite. Et ça peut être encore plus insidieux. Le prix des "gemmes" de Clash Of Clans est variable, selon le pack choisi. Ce n’est pas comme s’il y avait un cours de la monnaie. 80 gemmes, c’est 1,19 euro. Mais 14.000, c’est 119,99 euros. Concrètement, le prix de 10 gemmes varie de 9 à 15 centimes.
Est-ce qu’il y a vraiment une solution? À Bruxelles de réagir désormais. C’est à la Commission de jouer. Une préconisation des associations, assez simple pour le coup: afficher le prix réel en euros, tout simplement. En monnaie réelle.