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"On ne demande pourtant pas l'aumône": les classes moyennes asphyxiées par les impôts?

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La classe moyenne est traditionnellement dépeinte comme ayant des revenus trop conséquents pour toucher des aides sociales mais pas assez pour vivre tout à fait sereinement. Le président de la République Emmanuel Macron propose d'abaisser la pression fiscale sur cette classe.

Faut-il baisser les impôts des classes moyennes? Emmanuel Macron semble vouloir leur alléger la pression fiscale comme il l'explique dimanche dans une interview accordée au journal L'Opinion. "Pourquoi ? Parce que si on veut continuer d'embarquer le pays, nous avons encore besoin de redonner de la crédibilité au travail" a-t-il affirmé.

Le président de la République estime que les classes moyennes sont les Français dont les revenus nets sont compris entre 1.500 et 2.500 euros, et qui ne bénéficient que peu d'avantages sociaux. Une estimation de base qui fait débat. Philippe, auditeur RMC intervenu ce lundi dans "Les Grandes Gueules", n'est pas tout à fait d'accord avec la tranche définie par le chef de l'Etat: "Pour moi, c’est plutôt à partir de 3.000 euros", juge-t-il avant d'expliquer sa situation particulière.

"On veut simplement pouvoir vivre avec l’argent qu’on gagne"

Âgé de 38 ans, technicien dans l’industrie, célibataire... Son parcours de vie fait qu'il n'a jamais pu devenir propriétaire. Et d'autant plus avec la situation actuelle du marché immobilier qui est particulièrement difficile, notamment dans son département de la Savoie.

"Pour devenir proprio, à 38 ans, il m’est impossible d’acheter autre chose qu’un studio, sans compter que les banques ne prêtent plus grand-chose", souffle-t-il.

"On ne demande pas l’aumône, on veut simplement pouvoir vivre avec l’argent qu’on gagne... Le souci, c’est qu’ils ne se rendent même pas compte de la société qu’ils sont en train de créer".

Philippe estime que le souci est qu’on s’attaque toujours aux conséquences des problèmes et rarement aux causes. "Donc on rajoute des couches qui complexifient tout et on ne pose pas les questions de base qui font mal", estime-t-il.

"Je n’ai aucun problème à payer des impôts pour aider les gens plus démunis que moi. Par contre, ce qui m’agace, c’est qu’on dépense des milliers d’euros dans plein de domaines, y compris des aides à des entreprises ou associations dont on ne demande aucun compte, et n’importe quel ménage ne peut survivre comme ça", rappelle-t-il.

"Les impôts n’incitent pas à travailler plus"

Autre auditeur des Grandes Gueules, Guillaume, responsable de chantier pour des promoteurs immobiliers à Lyon (Rhône), met également le doigt sur les difficultés des classes moyennes. Il y a trois ans, il a décidé de changer de travail, passant d'un salaire net de 1.700-1.800 euros à 2.300 euros nets. Un changement volontairement réalisé pour augmenter son niveau de vie, mais aujourd'hui la déception est totale, principalement en raison de la pression fiscale qui s'est accentuée pour lui.

"Avant, je payais environ 800-900 euros d'impôts pour l’année. Maintenant, je suis à 5.600 euros d’impôts (avec primes)", explique ce célibataire sans enfant dont le reste à vivre est donc peu ou prou identique à sa situation passée, malgré la très conséquente hausse de salaire.

"Je n’ai pas l’impression d’avoir augmenté de qualité de vie. Les impôts n’incitent pas à travailler plus si on n’est pas passionné par son boulot", soupire-t-il, expliquant que son augmentation est arrivée avec des horaires beaucoup plus larges et des responsabilités accrues.

"Je commence beaucoup plus tôt, je finis beaucoup plus tard, et je n'ai pas l'impression que ce soit reconnu à sa juste valeur", lance-t-il, allant jusqu'à exprimer des regrets sur sa jeunesse.

"Aujourd’hui, j’ai 39 ans, je regrette de ne pas avoir investi il y a 10-15 ans pour être propriétaire car j’ai préféré avoir une vie avec des loisirs, du sport, de la musique. (...) Je ne vais rien changer car j'aime mon boulot, mais je vais rechanger de travail et devenir responsable de programme, l'étape au-dessus, et essayer de gagner plus pour essayer d'améliorer ma qualité de vie", conclut-il.

J.A.