Pâques: pourquoi les prix de la viande d'agneau sont-ils si élevés?

Comme chaque année, à Pâques, de nombreux Chrétiens vont célébrer cette fête religieuse en mangeant de l'agneau. Mais cette année, cette tradition va leur coûter plus cher. Les prix au kilo de l'agneau ont augmenté de 10 à 20%. "Un niveau record" selon l'Association nationale interprofessionnelle du bétail et des viandes. Un kilo d’agneau se négocie aujourd’hui à 11€ contre 9,60€ l’année dernière, à la période de Pâques.
"Il a pris 10% chez nous. Vous comptez entre 80 et 90 euros le gigot", estime Christophe Jullian, boucher Paris. Malgré cette augmentation, ce dernier ne voit pas de différence sur son carnet de commandes. Leur nombre est "similaire, voire un peu plus" élevé. "On fait que ça en ce moment", se réjouit-il.
Une épidémie dévastatrice
Une partie de sa clientèle est prête à payer plus cher pour ne pas passer à côté du traditionnel agneau pascal. "Je paye un peu plus cher le gigot cette année tant pis. La fête ça fait du bien aussi de temps en temps", justifie l'une de ses clientes.
Cette augmentation des prix est due à l'épidémie de fièvre cattharale, qui a décimé 10% des troupeaux cet hiver, selon la Fédération nationale ovine. "On a une augmentation sur l'agneau en général parce qu'on a eu, malheureusement, une maladie sur notre filière ovine", explique, au micro d'Apolline Matin, Romain Leboeuf, artisan boucher et Meilleur Ouvrier de France.
"On s'est retrouvé avec des pertes de brebis, des avortements, des bêtes qui n'ont pas repris la santé", se désole Michèle Boudoin, éleveuse et présidente de la Fédération.
Cette maladie, causée par la piqûre d’un moucheron, a augmenté la mortalité des moutons. Parfois, dans certains cheptels, jusqu’à un tiers du troupeau ne survivait pas. Quant aux autres, pour les soigner, il a fallu leur donner des antibiotiques. Ce qui a eu pour effet secondaire de rendre les mâles stériles et de casser le cycle de reproduction. Cela impacte directement la survie des troupeaux.
Une filière en grande difficulté
Cette épidémie est un nouveau coup dur pour la filière, qui attire de moins en moins d'éleveurs. "On aurait préféré voir l'inverse, mais ce qu'il faut, c'est soutenir nos filières, c'est primordial", demande Romain Leboeuf sur RMC.
"C'est une filière qui s'est effondrée et on a du mal à la remonter", avoue-t-il.
Dans sa boucherie, Romain Leboeuf a décidé de "prendre le partie de baisser mes marges" pour aider la filière. La consommation de viande ovine est en chute libre depuis plusieurs décennies. À la fin des années 90, un Français consommait en moyenne 5,5 kg d'agneau par an. En 2022, ce chiffre était de 2,2 kg, soit une baisse de 60%.