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Pour combler le trou de la sécu, le gouvernement veut doubler la franchise sur les médicaments

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Le gouvernement veut augmenter la franchise sur les boîtes de médicaments pour combler le trou de la sécurité sociale. Cela devrait permettre à l'Etat de récupérer entre 500 et 600 millions d’euros par an.

C'est ce mercredi qu’est présenté le budget de la sécurité sociale pour l'année prochaine. Pour faire face à un déficit plus important que prévu, le gouvernement compte mettre à contribution les patients et l'industrie pharmaceutique.

Selon l'avant-projet de loi que RMC a consulté, le déficit pour cette année s'élèvera à 8,8 milliards d'euros, puis à 11,2 milliards l'année prochaine. En cause, les augmentations salariales, la hausse des soins de ville, et la forte inflation. Une situation qui pousse le gouvernement à prendre des mesures d'économies qui toucheront directement les patients.

Aujourd'hui, à chaque fois qu'un patient prend une boîte de médicament à la pharmacie, il doit payer une franchise de 50 centimes, un reste à charge, payé immédiatement ou déduit ultérieurement lors d'un prochain remboursement. Cette franchise va doubler pour passer à 1 euro. Et la franchise payée lors d'une consultation va elle aussi doubler et passer de 1 à 2 euros.

Ces dispositions feront l'objet d'un décret et pourraient rapporter plusieurs centaines de millions d'euros dans les caisses de la sécurité sociale. Mais cette hausse de la franchise sur les boîtes de médicaments inquiète les clients de cette pharmacie, à Malakoff (Hauts-de-Seine). Avec cinq à six boîtes de médicaments par semaine pour soigner l'hypertension de son mari, et à raison d'1 euro par boîte si la franchise double, Christine fait les comptes: "Ça fait 20 euros par mois… Ce n’est pas simple parce que tout augmente".

Une responsabilisation des patients?

"Si je ne prends pas mes médicaments, c’est la crise cardiaque. Donc je ne peux pas me permettre. Pour des gens, ce n’est rien 50 centimes ou 1 euro, mais pour les gens comme nous si, c’est énorme”, explique une autre cliente, Rolande.

Doubler les franchises pour réduire la hausse des dépenses de la sécurité sociale, Jean-Pierre, pharmacien, le comprend et y voit même quelques avantages.

“Ça responsabilisera un peu plus, de façon à ce que les patients ne considèrent pas les médicaments comme des cacahuètes, mais vraiment comme des médicaments à part entière”, assure-t-il.

Un discours inaudible pour le principal syndicat de médecins généralistes. Un médicament prescrit est un médicament nécessaire, souligne sa présidente.

Autre dépense dans le viseur, les arrêts-maladies, dont le coût s'est envolé de 8% l'année dernière. Le gouvernement a renoncé à faire participer les entreprises, mais il souhaite limiter à trois jours les arrêts délivrés lors d'une téléconsultation. Enfin, l'industrie pharmaceutique doit concéder une forte baisse des prix des médicaments pour un effort total de 850 millions d'euros.

Victor Joanin, Léonie Guilbaut et Caroline Philippe avec Guillaume Descours