RMC

Pour sortir du "quoi qu'il en coûte", le gouvernement met 15 milliards d'euros sur la table: décryptage avec un économiste

Eric Heyer, économiste à l'OFCE, répondait aux questions d'Apolline de Malherbe sur RMC.

Pour sortir progressivement du "quoi qu’il en coûte", le gouvernement met sur la table... 15 milliards d’euros supplémentaires. Mais pourquoi faire? 

"Pour sortir prudemment et progressivement du quoi qu’il en coûte", ce sont les mots du ministre du Budget, Olivier Dussopt, au quotidien Les Echos. Ces 15 milliards serviront ainsi à maintenir les aides aux secteurs les plus en difficulté, comme l’hôtellerie, la restauration et le tourisme. Cela comprend concrètement des exonérations de charge, le rechargement du fonds de solidarité, et le chômage partiel.

Par ailleurs, Bercy met cinq milliards de plus sur la table pour se tourner vers la sortie de crise, avec notamment un fond de transition pour soutenir les entreprises qui auraient besoin de financement. Le ministre de l’Economie, Bruno le maire, évoque également des restructurations de dettes. 

Invité de RMC, Éric Heyer, économiste à l'OFCE, a décrypté cette annonce. Selon lui, ces aides supplémentaires sont là "pour compenser des mesures sanitaires prises par le gouvernement. Le 'quoiqu’il en coûte' n’a pas complètement permis de compenser les baisses de revenus", explique-t-il. 

​​​​​​​"La crise sociale est devant nous"

"On a empêché les Français de consommer alors qu’on leur maintenu leur pouvoir d’achat, il y a une épargne forcée qui va retourner à la consommation": Eric Heyer estime ainsi à "163 milliards d’euros, l’épargne forcée, (...) dont une partie de cette épargne va retourner dans la consommation, ça va faire un boom à très court terme. S’il n’y a pas de nouveau confinement, on peut considérer que la fin de l'année sera une très bonne fin d’année".

Pourtant, il rappelle que 400.000 emplois ont été détruits pendant la crise: "Il y a des secteurs qui ne rebondira pas car la consommation aura évolué et ces secteurs-là ne seront plus porteurs. La crise sociale est devant nous".

Selon les prévisions du gouvernement, le déficit budgétaire atteindra 9.5% du PIB à la fin de l’année 2021, la dette culminera à 118% et la croissance sera d’un peu plus de 5%.

X.A