Qu'est-ce que la "cheapflation", pratique commerciale épinglée par Foodwatch?

On connaissait déjà la “shrinkflation”, qui consiste à réduire les volumes d’un produit tout en gardant le même prix, voire en l’augmentant. Désormais, les consommateurs sont confrontés à la “cheapflation” dans les rayons des supermarchés. L’association Foodwatch a épinglé le 6 février six produits de grandes marques dont la composition était altérée alors que leurs prix augmentent à l’insu du consommateur.
Qu’est-ce que la “cheapflation” ?
Le terme “cheapflation” est issu de la contraction de “cheap” (“bon marché”) et “inflation”. Cette pratique consiste à réduire les ingrédients, à les supprimer, à les remplacer par des substituts moins chers ou de moindre qualité pour faire des économies, tout en augmentant les prix.
Dans son rapport, Foodwatch a pointé du doigt plusieurs grands groupes et leurs marques, telles que Maille (Unilever), Bordeau Chesnel, After Eight (Nestlé), Findus (Nomad Foods) ou Milka (Mondelez).
Dans le détail, Findus a diminué la quantité de chair de poisson de 75 à 71% dans son colin d’Alaska à la bordelaise et a monté les prix. La mayonnaise “fins gourmets” de Maille possède moins de jaunes d’oeufs et les bâtonnets de surimi Fleury Michon auraient 11% de chair à poisson en moins.
Est-ce légal ?
Le recours à la “cheapflation” n’est pas puni par la loi. Si Foodwatch est capable de repérer ces changements, cela signifie qu’ils sont bien visibles sur les étiquettes. Toutefois, le gouvernement travaille sur un projet d’arrêté contraignant d’ici le mois de mars les supermarchés à expliciter davantage cette pratique.
Que répondent les marques ?
Les fabricants ont été interpellés et ont justifié le recours à la “cheapflation” par la hausse du prix des matières premières en période d’inflation. Cela s’explique également par la pénurie de certaines d’entre elles, survenues après la grippe aviaire ou la guerre en Ukraine : les prix s’envolent et elles deviennent trop chères pour être utilisées.
Pour Foodwatch, cela n’excuse toutefois en rien l’opacité sur les changements de recette ou de format, ni la hausse des prix.
Comment la démasquer ?
Dans les rayons des magasins, les consommateurs sont appelés à être vigilants et à lire davantage les étiquettes des produits qu’ils achètent. En général, les noms sont changés : on retrouve par exemple “dessert glacé” au lieu de “glace”, ce qui implique qu’il y a beaucoup moins de lait, ou “produit chocolaté” au lieu de “chocolat”, qui indiquerait une présence plus élevée d’huile de palme ou d’arômes.