Souveraineté alimentaire: un rapport accable la gestion des terres agricoles par la France

Alors que le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole doit faire l'objet d'un vote solennel, mardi, au Sénat, un rapport, publié ce lundi, accable la France dans sa gestion des terres agricoles. La Fondation Terre de Liens révèle que la moitié des terres agricoles françaises servent à l'exportation.
Pour compenser cette perte, la France importe l'équivalent de la surface de l'Islande pour nourrir sa population. La situation a empiré et nos importations ont doublé en 20 ans.
Avec ses 28 millions d'hectares de terres agricoles, la France pourrait nourrir 1,3 fois sa population. Pourtant, La moitié de ce que produit nos terres est exporté. Résultat: sur nos étales, beaucoup d'aliments viennent de l'étranger. Prenons le cas du lait: la France en produit assez pour couvrir sa consommation, mais pour compenser l'exportation, le pays en achète 5 milliards de litres chaque année à l'étranger.
"Ça fait mal parce qu'on perd l'intérêt de notre territoire, de notre terroir, et dans le mot paysan, il y a le mot pays. On vit grâce à notre pays, notre terre, mais on vit pour notre pays, pour nourrir les gens qui y habitent", désespère Noël Michot, paysan-maraîcher.
Ce dernier est basé sur la Plaine de l'Aunis en Charente-Maritime, un département riche en terres agricoles, pourtant 90% de la production est destinée à l'exportation.
Les agriculteurs de moins en moins nombreux
D'un côté la France cherche à vendre ses bons produits le plus cher possible, tout en se fournissant à bas coût de l'autre, quitte a ce que ce soient des denrées de moins bonne qualité. Pour le président de Terre des Liens, Philippe Pointereau, le constat est sans appel: la France est "un pays dont l'agriculture est commandée par les marchés internationaux, et qui a perdu sa souveraineté alimentaire."
Ce contexte n'est pas sans conséquence. "18% des agriculteurs sont sous le seuil de pauvreté. Quand on mange quelque chose, on ne sait plus d'où il vient, on a perdu ce lien à l'agriculture", observe Philippe Pointereau.
Selon le rapport, pour s'imposer sur le marché international, l'agriculture française s'est fortement industrialisée. D'après le collectif Terre de liens, s'il y avait plus d'un million d'agriculteurs dans les années 80, seuls 300.000 seront en encore activité d'ici 2030.