Stocks à écouler, concurrence... Le secteur du CBD veut une "réglementation plus claire et éthique"

C’est la douche froide pour le secteur du CBD. Après la légalisation en juillet 2021 du cannabidiol (CBD), la molécule non psychotrope du cannabis, le secteur avait connu un essort. Depuis deux ans cependant, le nombre de magasins de CBD a chuté de plus de 20% d’après les représentants de la filière. Il y en avait 2.500 en 2023 contre aujourd'hui moins de 2.000.
Alors comment expliquer cette crise? Les professionnels du secteur sont, en tout cas, inquiets pour leur avenir. Cela fait 3 ans que Léa travaille dans le secteur du CBD, et celle-ci se rend bien compte du déclin des enseignes: "C'est vrai que plus ça avance, moins il y en a".
"Une grande partie de l'inquiétude des professionnels vient de cette incertitude juridique. Ce qu'on veut c'est une réglementation plus claire. Et éthique aussi, qui permettra le développement de petites et moyennes entreprises", explique auprès de RMC Paul Maclean, président de l'union des professionnels du CBD.
Demande en baisse, concurrence en hausse
Pour cette vendeuse, il y a plusieurs explications: "Il y a vraiment cette demande qui a baissé et maintenant toutes les boîtes qui avaient ouvert se grapillent les morceaux comme elles peuvent. Mais ça a créé pas mal de problèmes pour pas mal d'entreprises", selon elle.
Sans compter la concurrence des boutiques en ligne qui n'ont pas les mêmes coûts de fonctionnement. De plus, les buralistes sont aussi de plus en plus nombreux à vendre des produits à base de CBD, alors que le marché représente plus de 20.000 emplois dans toute la France.
"Un stock que tu ne peux pas vendre"
En 2024, de nouvelles molécules synthétiques et "hémisynthétiques" (naturelles mais retravaillées) ont été classées comme stupéfiants, pas de quoi rassurer les enseignes: "Pour les molécules de synthèse, ils les interdisent régulièrement".
"Donc tu te retrouves avec un stock que tu ne peux pas vendre, c'est de l'argent que tu ne peux pas faire, et en tant qu'entreprise c'est juste pas possible", déplore Léa, vendeuse dans une boutique de CBD
Vendus dans des boutiques de CBD, ces produits se présentent sous la forme d'huile, d'herbe, de gummies (compléments alimentaires sous forme de bonbons gélifiés) ou de liquides pour cigarettes électroniques. L'Union des professionnels du CBD (UPCBD) avait saisi le Conseil d'État pour contester le classement de certaines molécules qui, selon eux, sont "présentes naturellement" dans le chanvre.
Mais ce flou juridique touche aussi les consommateurs, qui doivent être vigilants. Dans un arrêt du 21 juin 2023, la Cour de cassation a statué que la conduite sous l'emprise du CBD, si des traces de THC sont trouvées lors d'un dépistage, constituait une infraction. En 2022, 10% des Français adultes disaient avoir consommé du CBD, selon une étude de Santé Publique France.