Suppression de jours fériés: "4,2 milliards de charges supplémentaires pour les entreprises", selon Michel Picon

"C'est un partage de misères". Le président de l’Union des entreprises de promixité (U2P) Michel Picon qualifie, sur RMC, de "mauvaise décision" la suppression de deux jours fériés défendue par le gouvernement de François Bayrou.
Cette mesure représente "4,2 milliards de charges supplémentaires" pour les entreprises, qui n'y trouvent "aucune compensation", selon Michel Picon. Pour ce dernier, ce n'est pas une bonne stratégie: "Notre pays n'est plus un pays de production. Quand vous produisez, deux jours de travail en plus, ça va donner davantage de production et de produits à vendre pour l'entreprise, mais pour la majorité des entreprises de notre pays, qui sont des entreprises de service, il faut des clients. Vous pouvez ouvrir votre salon de coiffeur le lundi de Pâques, mais si personne ne vient, vous n'avez pas de chiffres d'affaires en plus."
Une mobilisation d'ampleur à la rentrée?
La suppression de deux jours fériés est également "une catastrophe pour le tourisme, la restauration et l'hôtellerie", selon lui. Mais il craint surtout la réaction des Français. "Ça va créer un climat social pas facile à la rentrée, avec tous les sujets qui sont sur la table: la réforme assurance chômage, une réforme des arrêts maladie, compléter les dispositifs sur la réforme des retraites", souligne Michel Picon.
"Il y a déjà des kilos de soucis et on va se rajouter celui-là", insiste-t-il.
Chauffeur routier depuis 12 ans, Christophe se dit prêt à faire la grève pour la première fois de sa vie. "Je ne vois pas pourquoi je travaillerai. J'ai cinq semaines de congés payés, c'est quand même déjà assez court", justifie ce salarié de 30 ans, qui juge cette mesure "pénalisante pour tout le monde".
"C'est à eux de faire des efforts, ce n'est pas à nous. Les Français, on paye tout le temps. Au bout d'un moment, stop, ça suffit", renchérit Christophe au micro d'Apolline Matin. Un avis partagé par Franck, 59 ans, responsable d'affaires dans le Var: "Tous les députés, les sénateurs, les ministres, ils se gavent de notre argent. Ils vivent avec 11.000 ou 12.000 euros par mois. Ils ont tout de payé. L'argent, il faut aller le chercher là."
Pour Michel Picon, "tout travail mérite salaire". Si le gouvernement veut supprimer des jours fériés, le président de l'U2P estime qu'il faut "payer les gens". Le Premier ministre François Bayrou a demandé aux syndicats de négocier avec lui avant le 30 septembre prochain. Ces derniers ont déjà prévu de se mobiliser dans la rue et menacent de boycotter les négociations.