Transition écologique: pourquoi ça va coûter très cher et être très lent pour la croissance

France Stratégie publie un rapport sur les incidences économiques de la transition écologique. Conclusion: ça va coûter très cher et l’effet sur la croissance sera très lent. Atteindre l’objectif de zéro émission nette de CO2 en 2050 va demander des efforts considérables: il faudra faire autant au cours des 10 prochaines années que ce que nous avons fait au cours des 30 dernières.
Des efforts de sobriété, bien sûr, mais qui ne permettront de parcourir que 15% de chemin. Et donc surtout, des efforts d’investissement: jusqu’à 67 milliards d’euros par an en 2030. Le problème, c’est que ces investissements indispensables à la décarbonation de l'économie ne vont pas permettre de produire davantage, ni plus efficacement.
Donc il va falloir augmenter les impôts… Les recettes publiques vont baisser (moins de croissance, des recettes fiscales assises sur les énergies fossiles vont s’éteindre). Les dépenses vont elles augmenter avec toutes les aides distribuées, ce qui veut dire plus de dette publique: une dizaine de points de PIB en 2030, 25 en 2040. Conséquence, une hausse des impôts est inévitable, notamment sur le patrimoine financier des plus aisés, pour compenser le creusement des inégalités: 5 milliards pendant 30 ans. On remet l’ISF.
La recette qui échoue depuis 30 ans
Quels types d’investissement va-t-il falloir financer en priorité? Pour le savoir, il faut se tourner vers le rapport présenté lui aussi ce lundi par Elisabeth Borne: les transports, le changement des chaudières et la décarbonation des usines.
Comme dans un rêve d’énarque, c’est l’Etat qui prend les commandes de la transition écologique. Un choix assumé pleinement par le rapport de France Stratégie: "Parvenir à la neutralité carbone suppose une transformation, d’ampleur comparable aux révolutions industrielles du passé. Mais celle-ci sera pilotée d’abord par les politiques publiques et non par les innovations technologiques et les marchés".
De l’Etat plus que de l’innovation, c’est la recette qui échoue depuis 30 ans, notamment pour réindustrialiser la France. Autre inquiétude: attention aux messages contradictoires. Emmanuel Macron veut de la visibilité fiscale et de nouvelles industries, alors qu’on nous propose le retour de l’ISF…