"Avec la loi El-Khomri, on embauchera", assurent les patrons de PME

TÉMOIGNAGES - Plafonnement des indemnités prud'homales, licenciements économiques assouplis... Des mesures qui attisent la colère de la jeunesse et des syndicats, qui redoutent une précarisation des salariés. Les patrons, eux, y sont plutôt favorables. Ils affirment que cette loi leur permettra d'embaucher davantage. C'est en tout cas ce qu'affirment les patrons de PME rencontrés par RMC.

Avec une pétition qui dépasse les 1,2 million de signatures, le projet de loi El Khomri rencontre une levée de boucliers. Des centaines de rassemblements contre cette réforme du Code du Travail sont ainsi prévus ce mercredi. Pour autant, il existe des soutiens à cette loi. C'est le cas du patronat. En effet, entre le plafonnement des indemnités prud'homales ou les licenciements économiques assouplis, les patrons estiment que les mesures prévues dans la réforme permettront d'embaucher davantage.

C'est ce que pense par exemple, Bernard Frécon. A la tête d'une entreprise de conseil en assurances de 14 salariés, il voudrait embaucher plus mais il hésite. "Aujourd'hui, je bloque oui, confirme-t-il sur RMC. Je crains de le faire car on a trop de difficultés". Et, selon lui, c'est à cause d'un Code du travail "rigide et bloquant": "On aurait quand même la certitude d'avoir une forme de soutien juridique, légal et administratif, aujourd'hui on serait peut-être deux de plus".

"Une forme d'assurance"

"Je suis entièrement d'accord qu'il ne faut pas laisser travailler les gens comme des esclaves mais on a vraiment la nécessité de retrouver beaucoup plus de libertés de mouvements, estime-t-il encore". Pour le moment, il l'assure: "C'est trop dur". Autre épine dans le pied des patrons: les indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif. Thierry Borrat en sait quelque chose. Il y a deux ans, l'un de ses salariés lui a réclamé 522.000 euros.

"Cela a été une catastrophe, ne décolère-t-il pas. Est-ce que l'on peut dire que demander 522.000 euros c'est raisonnable? Cela représente six ans de salaires". Alors il est nécessairement favorable à l'éventualité de plafonner ces indemnités. "Que je doive quelque chose à mon salarié, pas de problème. Maintenant, ce que l'on veut c'est un montant raisonnable, argumente-t-il d'autant plus que ce patron considère que "le plafonnement des indemnités prud'homales est pour un chef d'entreprise une forme d'assurance".

Maxime Ricard avec Rémy Barret