Avion, train, agriculteurs… Les mouvements sociaux vont-ils durer?

Alors que le climat social se tend dans beaucoup de secteurs, à quoi faut-il s'attendre dans les jours et les semaines qui viennent? Les syndicats de plusieurs secteurs ont lancé des appels à la grève et à la mobilisation pour les prochaines semaines, pour protester contre des plans sociaux et contre un projet de budget qui prévoit 60 milliards d’euros d’efforts budgétaires.
Ce jeudi 14 novembre, c’est le syndicat des pilotes de ligne qui dénonce la taxation supplémentaire des billets d’avion. Le lendemain, c’est le coup d’envoi de la contestation des éleveurs. La FNSEA appelle quant à elle à la mobilisation nationale dès le 18 novembre. Et à partir du mercredi 20 novembre, c’est le début des perturbations à la SNCF.
Et on n’oublie pas les syndicats de fonctionnaires qui appellent aussi à la grève. Donc oui, le pays risque de multiples blocages dans les prochaines semaines.
Combien de temps?
Ces mouvements risquent-ils de durer? Oui, car le gouvernement a peu de solutions. Sur plusieurs sujets, on pense au Mercosur pour les agriculteurs par exemple ou à la concurrence pour les cheminots, c’est à Bruxelles que ça se passe.
Sur d’autres, ça demande de renoncer à plusieurs mesures d’économies dans le budget 2025: baisse des allègements de charges aux entreprises, effectifs de fonctionnaires... Mais c’est renoncer au redressement des finances publiques.
La seule sortie par le haut, ce serait la mise en place rapide de mesures de simplification réclamées par tout le secteur (agriculteurs, BTP), mais ce n’est pas la culture de notre administration…
Quel impact?
Mais la France risque-t-elle un véritable embrasement social? Des paralysies et des blocages, comme en 1995 avec les cheminots ou début 2024 avec les agriculteurs, oui. La crise sociale, non.
L’histoire nous enseigne deux choses. D’abord, que les révoltes populaires commencent souvent en France par le mécontentement fiscal. Mais elle nous montre surtout que le climat social est un arbitrage permanent entre la peur et la colère.
Les grands mouvements populaires comme mai 1968, les gilets jaunes en 2018 voire les manifestations contre les retraites en 2019, se produisent toujours lorsque la colère l’emporte sur la peur. Autrement dit, quand la conjoncture économique est favorable: 1968, 2018, il y a de la croissance, le chômage baisse. Or aujourd’hui, la peur l’emporte à nouveau sur la colère avec le décrochage brutal de la croissance.