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"Ras le bol!": le coup de gueule d'un usager alors qu'une grève à la SNCF se profile à Noël

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L'hypothèse d'une grève lors des fêtes de fin d'année passe mal auprès du grand public. Pourtant il s'agit peut-être de l'une des grèves les plus importantes pour l'avenir du ferroviaire en France selon certains cheminots.

Les syndicats de cheminots de la SNCF prévoient une grève majeure dans les semaines à venir. Ils ont appelé à cesser le travail du 20 au 22 novembre. Mais ils ont surtout lancé un préavis de grève illimitée à partir du 11 décembre si la situation venait à ne pas s'améliorer pour eux.

Ce mouvement intervient à moins de deux mois du démantèlement de Fret SNCF, la division consacrée au fret ferroviaire, le transport de marchandises. Les syndicats contestent cette mesure et demandent un moratoire. Ils protestent également contre les modalités de l'ouverture à la concurrence sur certaines lignes régionales. "La grève du 21 novembre, c'est pour mettre en lumière ces sujets-là", résume Bruno Poncet, le cheminot et syndicaliste des Grande Gueules ce lundi.

"Ce qui se passe à Fret SNCF, c'est une catastrophe écologique et humaine".

"À partir du 1er janvier, Fret SNCF n'existe plus, ça va devenir deux boîtes privées, avec un report de trains sur la route, redevenus des camions", détaille le chroniqueur des GG.

SNCF : une grève illimitée à 10 jours de Noël... abusé ? - 11/11
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"Scandaleux"

Mais l'hypothèse d'une nouvelle grève au moment des fêtes provoque de l'inquiétude, et surtout de la colère chez les usagers. Elle est "malvenue" pour le vice-président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports (Fnaut), Michel Quidort. "Si cette grève a lieu, on va de nouveau priver des centaines de milliers de personnes d'une liberté fondamentale, celle d'aller et venir", a-t-il déploré sur RMC, samedi.

Certains usagers ne supportent plus ces mouvements de grève. Parmi eux, Laurent, qui commande des billets de train pour ses deux enfants chaque année à Noël. Ces derniers habitent à Caen, en Normandie, et lui réside à Dax, dans le Sud-Ouest.

"Je suis pris en otage chaque Noël. Ils viennent pour les vacances alors j'achète des billet pour 400 euros aller-retour, ce qui est relativement cher. Et là, je ne sais pas si je vais les voir ni quand. Je trouve ça scandaleux", s'agace Laurent sur RMC et RMC Story.

"Tous les ans je me pose la question de savoir si je vais voir mes enfants pour les fêtes, sachant que je les vois qu'une seule fois par an. La SNCF j'en ai ras-le-bol. En plus c'est cher et on n'a pas les services", renchérit-il, très remonté. Ce père de famille a "toujours voté à gauche", mais il juge le comportement des cheminots grévistes "inadmissible".

Un message dilué par le timing ?

Pourtant certains d'entre eux ne participeront pas au mouvement. Yann assure que la grève sera "très suivie" par ses collègues. Lui sera "solidaire en tant que cheminot", mais il ne fera pas grève à titre personnel, car il ne valide pas "le mode d'action de mettre la pression pendant les fêtes".

"Ça dilue le message. Comme d'habitude, on va faire du SNCF bashing", ajoute ce conducteur de trains.

Yann est particulièrement touché par cette situation. "Pendant des années, il y a eu parfois des grèves très limites. Et aujourd'hui, alors que les préoccupations et les revendications sont très importantes pour l'avenir du ferroviaire, malheureusement tu n'as plus le message que ça doit avoir, tu n'as plus le caractère exceptionnel", explique Yann, qui regrette que "le grand public, ce qu'il retient c'est qu'il va encore y avoir des grèves avant les fêtes".

"L'Europe trouve qu'on a reçu trop de subventions"

Leader du transport de marchandises par rail en France, Fret SNCF va disparaître le 1er janvier et deviendra deux sociétés distinctes, avec 10% d'effectifs en moins. Cette transformation est le résultat d'un plan négocié au niveau européen entre le gouvernement français et la Commission européenne. L'État est soupçonné d'avoir versé des aides à Fret SNCF en violation des règles de la concurrence. L'Europe réclamait 5 milliards d'euros à la France.

"L'Europe trouve qu'on a reçu trop de subventions, donc ils veulent fermer les vannes. Parce que sinon il faut rembourser, mais l'État ne remboursera pas. Sauf que derrière, ils obligent la SNCF à réduire sa capacité à produire des trains. Ça veut dire que tous les trains que l'on ne produit plus doivent partir vers des entreprises privées", explique Bruno Poncet.

TRC