Bas salaires: avec 26 années d’ancienneté, elle gagne 30 euros de plus que le Smic

Une journée entière dédiée à la question des bas salaires et des carrières. Annoncée en août par Emmanuel Macron, la "conférence sociale" se déroule ce lundi 16 octobre au Cese (Conseil économique, social et environnemental) à Paris.
Animée par Elisabeth Borne, cette journée de tables rondes permettra aux partenaires sociaux et au gouvernement de discuter sur cette thématique. Sept organisations syndicales (CFDT, CGT, FO, CFTC, CFE-CGC, Unsa et Solidaires) et six patronales (Medef, U2P, CPME, Fnsea, Fesac et Udes) y participent.
Les syndicats réclament notamment une "conditionnalité des aides publiques aux entreprises", soit en clair le maintien des exonérations de cotisations à condition que la branche n'ait pas de minima en dessous du salaire minimum. Le gouvernement assure ne pas être opposé à cette mesure. La Première ministre va également proposer la mise en place d'un "Haut Conseil des rémunérations".
"Les grilles de certaines branches professionnelles ne sont plus adaptées aux qualifications", a déploré Elisabeth Borne dans une interview à La Tribune Dimanche.
"Être obligée à 57 ans d'encore calculer ses revenus pour éviter d'être trop à découvert..."
En effet, dans de nombreux métiers, les salariés restent collés au Smic, ou juste au-dessus, pendant de très nombreuses années. Les mains de Maryline, 57 ans, sont meurtries par 26 années de labeur dans un abattoir: "Je fais de l'arthrose, je vais même faire de l'arthrite car j'ai les doigts qui commencent à être courbés, alors que c'est mon outil de travail...". 26 années d’ancienneté pour cette employée, et un salaire bloqué à 30 euros au-dessus du Smic.
"D'être obligée à mon âge d'encore calculer ses revenus pour éviter d'être trop à découvert, d'autant que la vie est chère maintenant, ce n'est pas logique", souffle-t-elle.
"Ça la fout mal"
Salaire faible et cadences infernales. Sur la chaîne d’abattage, Nicolas accroche 800 porcs à l’heure, sept heures par jour, cinq jours par semaine, depuis 23 ans. Et il touche 1.800 euros par mois, avec les primes incluses. "Ça la fout mal de se dire que, même après tout ce temps, on reste bloqués, et qu'on ne peut pas évoluer plus haut", regrette-t-il.
Ces deux travailleurs de première ligne attendent beaucoup de la conférence sociale. "On va en parler, et ils vont prendre conscience de ce qu'on subit", espère Maryline. Une reconnaissance pour améliorer leur quotidien avant la retraite qui paraît encore bien loin.
Les trois thématiques abordées ce lundi:
- Les minima conventionnels, les classifications et les déroulés de carrière
- Les temps partiels et les contrats courts
- Les exonérations de cotisations, primes d’activité et tassement des rémunérations