"Ça dépasse l’entendement": une kiné empêchée de s’installer en zone rurale

Gorses, c’est un tout petit village d’à peine 300 habitants, en pleine campagne. C’est ici que Catherine, kinésithérapeute, a choisi de s’installer. Et comme 1 professionnel sur 4 en France, elle a obtenu son diplôme à l’étranger, en Nouvelle-Zélande précisément, où elle a vécu pendant 16 ans.
À son retour, elle découvre que son diplôme néo-zélandais n’est pas reconnu en France. Elle passe alors une formation accélérée d’un an en Belgique et obtient un certificat en janvier dernier. C’est un diplôme intra-européen, donc la France le reconnaît. Il faut seulement qu’elle obtienne une autorisation d’exercice. Sauf que cela fait près de six mois que son dossier est à l’étude. Et en attendant, son cabinet ne peut pas ouvrir:
“Pour moi, ça dépasse l’entendement. Je ne viens pas m’installer à Toulouse, où il y a peut-être 10 kinés au m2. Je viens m’installer dans le nord du Lot, au beau milieu de rien, et j’amène un service de proximité à des gens qui ont vraiment besoin d’être soignés”, explique Catherine.
Elle poursuit: “Je me dis que ce n'est pas possible de pas pouvoir aider ces gens-là à cause de l’administratif qui nous empêche de faire notre travail”.
Pénurie de soignants
Catherine a investi 350.000€ dans ce cabinet médical. Elle a bénéficié d’une aide de la Caisse d’Assurance Maladie du Lot, car cette zone rurale est sous-dotée en kinés. Des mois, donc, qu'elle attend que son diplôme soit reconnu, alors qu’on manque cruellement de soignants… On ne forme malheureusement pas assez en France. Ainsi, beaucoup de kinés se forment à l’étranger.
Quand c’est dans un pays de l’Union européenne, c’est censé être simple. Le problème, c'est que la procédure de reconnaissance de diplôme est régionale. Catherine a d’abord déposé une demande dans le Grand Est avant de finalement le faire auprès de la région Occitanie. Elle a donc dû tout recommencer. Et c’est ce qui a rallongé les délais.
Catherine sommée de refaire un stage
Catherine devait passer devant une commission à la fin de l’été. Finalement, le rendez-vous a été avancé: c’était il y a deux semaines et son dossier a été recalé, provisoirement. On lui demande de repasser un examen écrit ou de refaire un mois de stage en service cardio-vasculaire, à la grande surprise de Catherine, qui en a déjà fait un en Nouvelle-Zélande et un autre en Belgique.
RMC a donc contacté la Préfecture du Lot, qui répond que c’est une demande fréquente, même auprès de personnes expérimentées comme Catherine. Elle espère pouvoir se faire financer ce stage par l’ARS ou la Préfecture. Ses patients devront encore attendre un peu avant de bénéficier de l'expertise de Catherine, qui espère ouvrir son cabinet cet automne.