Déserts médicaux: des praticiens retraités renfilent la blouse et ouvrent un cabinet à Albi

C'est un centre de santé pour le moins unique en son genre. Depuis le mois de juin dernier, à Albi, 13 praticiens ont décidé de se regrouper pour ouvrir un nouvel établissement de soins dans la préfecture du Tarn. S'il n'y a jusque-là rien d'exceptionnel, une particularité rassemble ces professionnels de la santé : ils sont tous, officiellement, à la retraite.
Alors que le manque de médecins se fait ressentir dans de nombreuses localités françaises, ces médecins ont accepté de libérer de leur temps pour aller procéder à des consultations.
"L'idée est venue en septembre 2022, après une rencontre avec Madame le maire d'Albi, pour essayer d'améliorer l'accès aux soins sur la ville et la périphérie d'Albi", relate le docteur Yves Carcaillet, 74 ans.
Celui qui est à la retraite depuis seulement un an a créé ce centre avec le Dr Jean-Marie Franques et Gilbert Hangard, maire adjoint à la santé d’Albi. Référent du centre qui fonctionne du lundi au vendredi, Yves Carcaillet explique qu'une permanence est proposée au centre par deux médecins et une secrétaire.
Pour la question du planning, un choix "souple" est laissé aux praticiens pour procéder à des vacations de quatre heures qui leur conviennent. Une large liberté obtenue grâce à la singularité administrative du centre, rattaché à l'hôpital d'Albi et géré par l'association des médecins retraités albigeois (AMRA).
"L'originalité de notre centre médical est qu'il est géré par notre association de médecins retraités, et donc on est à la fois employeurs et employés de notre association", explique le Dr Yves Carcaillet, référent du centre médical.
"Ca revient assez vite"
L'autre originalité, c'est que tous les médecins du centre sont âgés de 70 ans ou plus. Si la majorité des praticiens n'est à la retraite que depuis peu de temps, l'un d'entre eux n'a pas pratiqué depuis cinq ans.
Pas de panique néanmoins, puisque "dans ces cas-là, comme vous n'avez pas pratiqué depuis longtemps, vous passez un entretien avec le président du Conseil de l'ordre des médecins qui vous pose des questions pour savoir si vous avez gardé des connaissances suffisantes".
Et si "malheureusement on est comme tout le monde et on oublie des choses", sourit le docteur Carcaillet, ce dernier assure que le professionnalisme médical "revient assez vite".
Selon Yves Carcaillet, c'est le désir de "rendre service à la population" qui anime chaque médecin du centre.
"Quand j'ai contacté mes confrères, on n'a jamais parlé d'argent. On sait très bien qu'on n'est pas là pour faire fortune (...). Ils ont une rémunération correcte, de 50€/heure net, et l'association se charge des charges sociales", précise le Dr Yves Carcaillet.
Au même titre que les autres centres médicaux classiques, l'établissement de santé propose lui aussi le tiers-payant intégral.