"Ça ne sert à rien": les salariés du privé absents des manifestations contre la loi Travail

La réforme du droit du travail à nouveau à l'épreuve de la rue ce jeudi. Les opposants aux ordonnances - CGT, FSU et Solidaires en tête -, maintiennent la pression, en se mobilisant à nouveau avant la présentation des ordonnances en conseil des ministres vendredi. Samedi, ce sera au tour de la France Insoumise d'investir les rues pour protester. Si ce mouvement social bénéficie du soutien d'un peu plus d'un Français sur deux, selon un sondage Elabe pour BFMTV publié mercredi, il n'est pas simple pour autant pour les syndicats de mobiliser les salariés du privé, ce qui donnerait une plus grande ampleur au mouvement.
"La grève, c'est l'antidépresseur des Français"
A Paris, les militants de la CGT tentent de mobiliser ces salariés du privé, qui n'étaient pas nombreux lors de la manifestation du 12 octobre. Comme devant ce grand magasin parisien, où les salariés acceptent poliment les tracts de la CGT. Mais il est difficile de trouver quelqu'un prêt à défiler. "Je pense que cela ne servirait à rien d'aller manifester, estime un employé. La grève, c'est l'antidépresseur des Français: on leur laisse prendre leur cachet, donc leurs manifestations, quand ils le veulent, mais au bout du compte ça ne change absolument rien". Un autre, plus jeune, a une explication plus rationnel à son manque de mobilisation: "Etant donné que mon salaire est peu élevé, si je fais grève ça me fera une journée de moins sur mon salaire. 70 euros de moins sur un salaire de 1.200 euros, ça le fait vite descendre".
"Ils ne se rendent pas compte"
En plus des habituels tractages, la CGT a aussi tenu des réunions d'information autour de la machine à café de ce magasin parisien. Jean-Jacques Liebert, délégué syndical, estime que si les salariés du privé ne se mobilisent pas, c'est parce qu'ils ne mesurent pas les conséquences concrètes des ordonnances. "Le privé se sent un peu moins impliqué, mais les gens ne se rendent pas compte qu'en définitive ils vont perdre énormément, sur les licenciements, sur les prudhommes… Pour eux ce n'est pas encore concret, mais quand ils vont voir les plans sociaux ils vont se rendre compte". Malgré cela, les militants de la CGT espèrent tout de même une mobilisation plus importante pour la manifestation de ce jeudi que celle de la semaine dernière.