"Certains sont obligés de travailler plus": les TUC, grands oubliés de la réforme des retraites

C'est l'association "TUC, les oubliés de la retraite" qui a alerté "RMC s'engage avec vous". Les TUC (travaux d’utilité collective), ce sont des emplois aidés pour les jeunes mis en place de 1984 à 1990, souvent des mi-temps dans l'éducation ou les hôpitaux par exemple. Et ces contrats n'ouvrent aucun droit à la retraite! Tout comme les SIVP, stages d’initiation à la vie professionnelle et autres stages d’insertion. Une inégalité que devait corriger la réforme des retraites de l'an dernier, en prenant en compte jusqu'à quatre trimestres.
Sauf que ces trimestres ne sont finalement pas cotisés, mais comptés, assimilés exactement, comme lorsque l'on est au chômage ou en congé maternité ou paternité par exemple. Et c'est tout le problème: cette différence empêche 70% des TUC de bénéficier d'une carrière longue, parce qu'il faut avoir cotisé quatre ou cinq trimestres avant ses 20 ans pour y avoir droit.
Une vraie désillusion pour Serge, l'un des 500 membres de l'association, qui était notamment animateur en centre de vacances.
"Le travail préalable avait bien indiqué que les trimestres seraient cotisés, et bénéficieraient aux carrières longues. Quand le texte est vraiment sorti, on a eu la désagréable surprise de voir que ce n'était pas le cas", dénonce-t-il.
Concrètement, qu’est-ce que ça change pour les TUC? Des années en plus à travailler, ou des centaines d'euros en moins sur leur pension s'ils choisissent de s'arrêter avant malgré tout, pour 1,7 million de Français, au moins, qui sont concernés. Autre difficulté: beaucoup de TUC font part de leurs difficultés à déclarer ces périodes auprès de l'Assurance retraite, dont les agents semblent mal informés.
"On se bat aussi contre le temps"
Il y a urgence: les TUC avaient entre 16 et 25 ans, la plupart sont donc en âge de prendre leur retraite, précise Marie-Claire, la présidente de l'association. Elle travaillait dans une maternelle quand elle était TUC.
"On se bat aussi contre le temps, parce que plus le temps passe, et plus les gens ne bénéficient pas de leurs trimestres. Certains sont obligés de travailler plus alors qu'ils auraient pu partir plus tôt. On est déterminés, on ne lâchera rien", assure-t-elle.
Et pour ça, l'association veut frapper fort: saisir le Conseil d'État. Si rien ne bouge côté exécutif, ça sera fait d'ici deux mois. En parallèle, une proposition de loi allant dans leur sens a été déposée en juin dernier.
Que répond le gouvernement face à leur détresse? RMC a interpellé le ministère du Travail, qui dit être "pleinement conscient de la problématique des TUC". Il évoque une injustice vieille de 40 ans, réparée par la réforme des retraites. Mais une injustice en réalité demi-réparée, selon les contrats TUC.
La ministre du Travail Catherine Vautrin assure en tout cas que "le gouvernement étudiera avec la plus grande attention la proposition de loi déposée".
Du côté de l'Assurance retraite, on nous informe que toutes les équipes ont reçu des consignes claires en octobre, et que chaque dysfonctionnement fait l'objet d'une réclamation.
RMC s'engage avec vous ne manquera pas de suivre ça avec attention, aux côtés de l'association des TUC qui invite à la rejoindre tous ceux qui sont concernés (tous les détails pour contacter l'association). "Plus on sera nombreux, plus on sera audibles" rappelle Marie-Claire.