Charge de Gattaz contre la CGT: "Cela reflète exactement ce que pensent les patrons"
Les grévistes de la CGT se comportent "comme des voyous, comme des terroristes". Dans un entretien au Monde publié ce lundi, Pierre Gattaz se montre virulent vis-à-vis du syndicat de Pierre Martinez. Un tacle violent du président du Medef qui a provoqué de vives réactions et ce jusqu'au sommet de l'Etat. François Hollande dans Sud-Ouest ce mardi parle de "caricature du syndicalisme et de propos inappropriés".
"Un climat de haine"
Pourtant cette interview n'arrive pas au hasard. Pierre Gattaz a pesé chaque mot, chaque terme employé. En direction des adhérents du Medef tout d'abord. "Peut-être que Pierre Gattaz est un peu cash", explique en substance Thibaut Lanxade, vice-président de l'organisation patronale, mais "il dit tout haut ce que l'on ressent depuis des semaines". "Regardez les pancartes ! 'On va pendre les patrons sur le pont d'Avignon'. Tout cela génère un climat de haine, de tensions et de violences verbales", assure-t-il sur RMC.
Et de poursuivre: "Pierre Gattaz a son franc-parler, ne se cache pas derrière son petit doigt mais cela reflète exactement ce que pensent aujourd'hui les patrons. Appelons un chat, un chat". Le Medef est d'ailleurs en train de voir s'il est possible de porter plainte contre la CGT pour incitation à la violence par exemple. Si Pierre Gattaz a frappé aussi fort c'est d'abord pour exister. Il sait bien que Philippe Martinez le leader de la CGT et Manuel Valls se sont parlé samedi. Il voit bien que les lignes bougent.
"Il cherche à attiser la crise"
Le président du Medef ne veut pas que le patronat soit mis sur la touche dans les dernières négociations et rappeler ses exigences, notamment concernant l'article 2 de la loi travail. De son côté, la CGT dénonce évidement la méthode Gattaz. Karl Ghazi, de la CGT commerce de Paris, trouve ces propos "inacceptables" et explique que ce genre de comportement risque d'être contre-productif. "Je suis profondément indigné parce que cela ouvre la voie à plus de violences. Il cherche à attiser la crise", regrette-t-il.
Et d'estimer qu'"en durcissant le ton comme ça, Gattaz pense certainement enfermer le gouvernement avec lui dans une stratégie de crise jusqu'au bout alors qu'à l'évidence le pays a besoin d'une ouverture de dialogue". Selon Karl Ghazi, "la réalité est qu'aujourd'hui le rapport de force n'est pas si favorable que ça. La balle est donc dans le camp du gouvernement et c'est à lui d'ouvrir la possibilité d'une sortie de crise faute de quoi le mois de juin risque d'être très, très compliqué pour la France".