Chômage: que peut faire le gouvernement face à la hausse?

Le chômage a encore augmenté en novembre. On ne peut pas encore parler d’hémorragie, de retour au chômage de masse, mais c’est vrai que depuis quelques mois, lentement, la courbe du chômage a tendance à s’inverser.
Le nombre de demandeurs d'emploi inscrits à France Travail a progressé de 1,43% en novembre par rapport au mois précédent, avec 44.400 inscrits en plus sur un mois, contre 5.200 sur l’ensemble du troisième trimestre. Un chiffre amplifié par des changements statistiques, mais quand même, sur les catégories plus larges, on est à +0,4% sur un mois, contre +0,2 sur le troisième trimestre.
Est-ce que ça va continuer? C’est probable, et tout l’indique, notamment la multiplication des plans sociaux, plus de 200 en cours selon la CGT, contre 132 en mai. Les défaillances d’entreprises augmentent rapidement. Près de 66.000 sur l’année, 25% de plus qu’il y a un an. L’explication: la conjoncture, moins de commandes, des trésoreries plus tendues, des taux d’intérêt plus élevés, des aides à rembourser.
Il y a aussi les incertitudes fiscales et réglementaires, l’absence de budget, qui incitent les entreprises à différer leurs projets de recrutement.
Pas de prise sur les groupes privés pour le gouvernement
Résultat visible à France Travail, avec une hausse des inscriptions pour licenciement et une baisse des sorties pour reprise d’emploi. Pour l’instant, cette diminution des embauches ne se voit pas vraiment dans les chiffres du chômage car le nombre d’entrées sur le marché du travail est aussi moins dynamique. Mais en 2025, l’économie française détruirait 150.000 emplois selon l’OFCE, une première depuis 2012. Selon l’Insee, le taux de chômage était à 7,6% en juin, contre 7,1% début 2023.
Que peut faire le gouvernement? Il va être testé sur sa capacité à empêcher ces licenciements. Michel Barnier avait bien évoqué le contrôle de l’argent public qui leur a été donné, mais sans grande conviction. Et le gouvernement n’a pas de prise sur des groupes totalement privés. C’est déjà à la suite de licenciements chez Michelin que Lionel Jospin avait sorti en 1999 son célèbre: "L’Etat ne peut pas tout".
Deuxième front: celui de sa politique économique de rigueur. Il va falloir convaincre qu’il peut réduire les déficits sans impacter la croissance.