Equilibre financier, inégalités, régimes spéciaux: le bilan de la réforme des retraites

Avec le recul, cette réforme des retraites parvient-elle à rétablir l’équilibre financier du système par répartition?
NON
Clairement, l’objectif n’est pas atteint. Le Conseil d'orientation des retraites (COR) estime que les comptes des différents régimes pris dans leur ensemble resteraient déficitaires à horizon 2030, malgré le relèvement de l'âge légal de 62 à 64 ans. Le déficit atteindrait entre 0,2 et 0,3% du produit intérieur brut (PIB), soit entre 5 et 8 milliards d'euros par an, à partir de 2024 et jusqu'en 2030.
Est-ce que cette réforme des retraites réduit les inégalités voire les injustices en matière de droits à la retraite?
OUI
On pourra regretter qu’elle n’aille pas toujours assez loin mais oui, cette réforme réduit les inégalités en matière de pension. Les 25% de retraités les plus modestes verront leur pension revalorisée de presque 5 à 12% selon les générations. Les retraités les plus aisés subiront au contraire une baisse moyenne de leur pension de 1 à 2%.
Les femmes seront moins pénalisées par la réforme que les hommes dans les catégories sociales plutôt favorisées, et gagneront davantage que les hommes sur des parcours plus précaires.
Les carrières longues et les carrières hachées sont également mieux prises en compte, avec au final des retraites un peu plus élevées. Le cumul emploi-retraites est aussi revalorisé, tout comme les petites retraites qui seront augmentées de 25 à 100 euros par mois. Et ça concerne aussi les retraités actuels.
Les régimes spéciaux sont-ils supprimés?
OUI ET NON
Sur le papier, la promesse et plutôt tenue, parce que quatre grands régimes spéciaux prennent fin ce vendredi: RATP, clercs et employés de notaires, employés des industries électriques et gazières, et Banque de France. Mais la réforme se fera plus qu’en douceur: les salariés qui ont été embauchés jusqu’à ce jeudi continuent de bénéficier de leurs avantages.
Ils seront par contre concernés, à partir du 1er janvier 2025, par l’allongement progressif de deux ans de l’âge légal de départ en retraite. Par exemple, à la RATP, à terme, un conducteur pourra prendre sa retraite à terme à 54 ans (au lieu de 52 ans). Mais dans les faits, c’est déjà presque le cas aujourd’hui.