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Fermeture de deux usines Michelin: "On se sent trahis", dénoncent des salariés de Cholet

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Les salariés de Michelin ne décolèrent pas après l'annonce de la suppression de plus de 1.250 postes chez le fabricant de pneus avec la fermeture, d'ici un an, des deux usines de Vannes et Cholet, où une grève a débuté.

Les salariés de Michelin sont en colère. L'entreprise a annoncé fermer deux de ses usines d'ici début 2026 à Vannes et Cholet. Au total, 1.254 postes seront supprimés. Le géant français du pneu assure que les salariés seront accompagnés dans leurs reconversions et des postes en interne pourraient leur être proposés.

Mais les ouvriers ne sont pas prêts à se laisser faire. À Cholet, ils ont voté la grève ce mardi en fin de matinée. Autour des grévistes qui bloquent l’usine de Cholet, un couple de retraités. “Michelin, c’est 35 ans de ma vie quand même donc on est venus soutenir les gens”, indiquent-ils.

Tous les deux habitent à Cholet. Sa femme, les poings serrés, a du mal à contenir son émotion en lorsqu’elle s’adresse à Areski et Bastien, deux ouvriers.

“Je suis très, très choquée. Michelin, à Cholet, c’était une institution. Ça a fait vivre un tas de famille. Laisser tomber les gens comme ça, je trouve que c’est inadmissible” dénonce-t-elle.

Dans les prochains jours, les syndicats doivent se réunir pour adopter la marche à suivre, mais certaines actions ont déjà commencé. “On va rester avec les camarades sur le devant de Michelin pour éviter que les camions entrent et sortent démonter les machines”, souffle Jean-Marc Wagon, représentant du syndicat SUD.

"Ça fait des années qu’on prévient la direction de Michelin"

Les ouvriers ont accepté de rencontrer la direction ce mercredi matin, tout en maintenant le blocage de l’usine. Pour Alban Gamos, salarié du site, c’est un véritable coup de massue.

“On n’a pas envie de retourner travailler. Aujourd’hui, reprendre le travail, ce n’est pas imaginable. C’est hyper compliqué de se faire reclasser. Et repartir de zéro à 50 ans, c’est compliqué. Quand je suis arrivé chez Michelin il y a 20 ans, je pensais finir ma carrière ici. On se sent trahis parce que Michelin se vante d’être socialement respectueux. Mais s’il n’y a pas d’agents, il n’y aura pas de pneus Michelin”, confie-t-il.

Pour David Goubault, secrétaire général de la CGT du site Michelin Cholet, il faut continuer le combat. “Tout le monde était dépité. Il y en a qui sont en colère, d’autres qui veulent aller dans la lutte. Ça fait des années qu’on prévient la direction nous, en centrale. On est prêts à nous diversifier. La suite, c’est de se mettre en lutte, de se mettre autour d’une table entre salariés et de dire qu’est-ce qu’on veut, qu’est-ce qu’on réclame à la direction? Ce qu’on demande actuellement à la direction, c’est de maintenir nos emplois. On aimerait bien aussi recevoir le soutien de la ville de Cholet”, pointe-t-il.

Pierre Bourgès avec Guillaume Descours