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Furieux contre "la frilosité des banques", il lance un site qui recense les refus de prêts aux entrepreneurs

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- - Flickr CC - Gotcredit

Après un énième refus de crédit pour ouvrir un nouveau restaurant, Aurélien Callet, restaurateur à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) a lancé ce jeudi le site alerte-financement.fr pour recenser les refus de financements aux chefs d'entreprises. Comme il l'explique pour RMC.fr, il souhaite ainsi dénoncer "la frilosité" des banques et alerter les politiques sur la situation vécue par nombre de créateurs d'entreprises.

Aurélien Callet, patron du restaurant les Ecuries de Richelieu, à Rueil-Malmaison, dans les Hauts-de-Seine, et créateur du site alerte-financement.fr, qui recense les refus de financements aux chefs ou créateurs d'entreprises.

"Quand je me suis installé en 2008, lorsque j'ai démarché les banques pour la première fois, j'avais été étonné de la façon dont j'avais été considéré. Il y a les délais qui ne sont pas respectés, on vous mène en bateau avec des situations ubuesques... Bref, on est pris pour des imbéciles. J'en avais gardé une rancune. Et quand je suis retourné voir les banques pour ouvrir un nouveau restaurant l'an dernier et que l'on m'a refusé tout financement (il réclamait 70.000 euros de prêt, NDR), je me suis dit qu'il fallait trouver un moyen de leur faire un retour de bâton. J'ai alors pensé à créer ce site pour qu'à chaque fois qu'une agence bancaire dit non, il ne faut pas que cela reste dans l'oubli, que la personne rejetée puisse rendre les coups et le faire savoir.

Je reçois déjà énormément de formulaires de personnes qui se sont vues refuser un prêt. Ça casse le moral: des chefs d'entreprises lâchés par leur banque dès lors qu'ils ont un problème de trésorerie, des cas de liquidations, et même une personne d'un certain âge qui me dit que sa banque lui réclame une caution parentale!

"La prise de risque, le crédit, c'est leur cœur de métier!"

Quand vous êtes déjà dirigeant d'entreprise et que vous avez plusieurs bilans positifs, les banques vous prêtent sans problème puisque le risque est minime. Mais quand vous êtes créateur d'entreprise, ancien salarié ou au chômage, que vous avez un petit pécule et que vous sollicitez un prêt, la réponse est quasiment toujours négative. Vous allez déposer 12 dossiers, et si une banque accepte votre crédit, c'est déjà super. Mais attention, après acceptation, parfois les fonds ne sont pas débloqués. Les banques se sont détournées des créateurs d'entreprises, ils font de l'argent ailleurs et préfèrent vendre des téléphones portables et des abonnements téléphoniques. Mais la prise de risque, le crédit, c'est leur cœur de métier!

Les créateurs d'entreprises se retrouvent entre trois feux: l'Etat vous matraque fiscalement, les propriétaires immobiliers rentiers vous étranglent avec des loyers irrationnels, et à côté de ça vous avez le banquier qui se désengage dès qu'il sent une petite faiblesse de votre part.

"Les politiques doivent mettre la pression sur les banques"

Mon site s'adresse aussi aux politiques. Ils pourront ainsi se rendre compte et comprendre ce que les entreprises françaises vivent. On a entre 40.000 et 50.000 entreprises qui ferment chaque mois en France: comment se fait-il qu'il y en ait autant? On n'est pas des incapables! Ça veut bien dire que le climat n'est pas favorable. Le politique doit absolument mettre la pression sur les banques. Qu'il leur dise: on vous a sauvés, vous prenez des frais, vos situations comptables sont bonnes, participez, tendez la main, prêtez! Ce sont les entreprises qui créent les jobs, qui font de la croissance."

Philippe Gril