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Grève à La Poste: "On est chronométré à la seconde près. Ça devient difficile à vivre"

Les postiers sont appelés à une journée d'actions et de grève jeudi sur tout le territoire pour protester contre les réorganisations en cours à La Poste, responsables de "conditions de travail considérablement dégradées" et d'une "grande souffrance au travail", selon les syndicats. Car, aujourd'hui, les facteurs sont au bord de la crise de nerf…

Emplois supprimés, cadences infernales, souffrance au travail: les postiers sont appelés jeudi à la grève et à des actions dans toute la France par trois de leurs syndicats, CGT, SUD-PTT et l'Unsa, qui revendiquent une "réelle prise en compte de la crise sanitaire et sociale" à La Poste. Des syndicats qui tirent la sonnette d'alarme sur les conditions de travail notamment les restructurations tous les deux ans, les suppressions d'emploi (7 000 ces deux dernières années) ou la multiplication des tâches demandées aux postiers.

"On est chronométré à la seconde près, déplore Yann Remlé, facteur et délégué Sud PTT. Je sais que j'ai très précisément 3h45 et 23 secondes pour effectuer l'intégralité de ma distribution. La Poste me donne 1min30 pour distribuer un recommandé. Mais si je dois sonner à un interphone, monter trois étages, rencontrer une personne âgée qui va avoir des difficultés pour lire ce recommandé, savoir d'où il vient… J'explose mon temps de travail. J'ai trois secondes pour distribuer mon courrier dans une boîte aux lettres. C'est tout simplement impossible".

"Les nerfs ont lâché"

"La Poste supprime des emplois donc me rajoute des rues à distribuer. Je me sens donc insuffisant, poursuit-il. Ça devient difficile à vivre". Les syndicats dénoncent aussi une augmentation des suicides et des burn-out, liés à une multiplication des tâches. Un burn out dont a été victime récemment Francine, factrice près de Marseille: "J'ai eu un charge de courriers supplémentaires à distribuer. Donc plus de poids, tournées plus longues avec des dépassement d'horaires. D'ailleurs, je ramenais souvent du courrier parce que je n'arrivais pas à arriver à la fin de la distribution dans le temps de travail imparti".

"Cette charge de travail a fait que les nerfs ont lâché, ajoute-t-elle. J'étais en train de préparer ma tournée quand j'ai été prise de tremblements, de pleurs. Je n'arrivais pas à contrôler. Ils ont donc appelé les pompiers. C'est parce que je n'arrivais plus à assumer le travail que je devais faire". Olivier, facteur près de Marseille, reproche à La Poste de vouloir faire de lui un commercial: "Ils veulent absolument que l'on vende une prestation. Par exemple, un carnet de timbres alors que plus personne n'écrit de lettres. Et on nous demande de transformer le lien social que l'on a avec les gens en valeur marchande".

"On doit absolument faire un chiffre d'affaires par mois sinon notre note est baissée, se désole-t-il. A la formation, ils nous ont expliqué que si l'on sentait qu'une personne n'allait rien nous acheter, il fallait couper court à la conversation parce qu'on n'a pas le temps".

M.R avec Lionel Dian