"Ils se gavent sur le dos des salariés": faut-il plafonner les salaires des grands patrons?
En pleine période d'inflation et alors que de nombreux Français sont touchés par des difficultés économiques, l'ONG Oxfam appelle à réduire l'écart entre salariés et grands patrons. Selon un rapport publié en avril dernier, entre 2011 et 2021, l'écart de rémunération entre les grands patrons des 100 plus grandes entreprises françaises et le salaire moyen de leurs employés, est passé de 64 à 97.
Oxfam, par la voie de Cécile Duflot l'ancienne ministre écologiste aujourd'hui à la tête de l'ONG, préconise de plafonner la rémunération des grands patrons, sur le modèle de ce qui se fait déjà dans le domaine public. "C'est désormais un impératif social et démocratique", assure-t-elle dans les colonne de L'Obs, en le limitant à 450.000 euros par an, ou 37.500 euros mensuels.
Redistribuer l'argent aux salariés
Cette limitation, c'est une évidence pour la présidente de l'Association Marseille en colère, Kaouther Ben Mohamed: "Les gens n'arrivent plus à survivre de leur salaire. Je ne comprends pas comment décemment un patron peut accepter d'être rémunéré 97 fois plus que son salarié".
"Je veux que l'argent en moins soit redistribué aux salariés. Les grands patrons se gavent sur le dos des salariés, la rémunération n'est pas juste", ajoute-t-elle.
Sans surprise, chez les plus libéraux, la proposition d'Oxfam fait frémir. "Arrêtons la jalousie. Le salaire est voté en conseil d'administration, ce n'est pas le patron qui le choisit", rappelle sur le plateau des "Grandes Gueules" Christophe Demerson, le président de l'UNPI.
"Comportements indécents"
Plus mesuré, l'avocat Charles Consigny estime qu'il est urgent pour les patrons de s'autoréguler. "Il y eu des excès ces derniers temps, en particulier sous ce jeune président des riches (Emmanuel Macron, ndlr), de gavage d'un petit milieu parisien, où ils se gavent les uns les autres. Chacun siège dans le conseil d'administration de l'autre et ce monde se décerne des rémunérations décorrélées comme celle du patron de Stellantis Carlos Tavares qui peine à justifier son salaire" de 23,5 millions d’euros pour l’année 2022, soit 64.328 euros par jour.
"Par leurs comportements indécents, ils raniment les vieilles passions jalouses françaises. Je ne serai jamais pour plafonner les salaires mais il est donc de la responsabilité des patrons de décider de rémunérations en corrélation avec les salaires dans leurs entreprises", ajoute-t-il, appelant à mieux représenter les salariés dans les conseils d'administration.
Interrogé fin avril sur les salaires des grands patrons, le président de la République Emmanuel Macron s'était dit lui-même choqué, ajoutant cependant que l'Etat ne pouvait rien contre des entités privées, hormis taxer plus ces salaires de grands patrons.