L'Espagne se déchire sur les horaires d'ouverture trop tardifs des commerces et restaurants

Vers la fin d'un modèle? En Espagne, le débat sur les horaires d’ouverture des commerces, des bars et des restaurants est lancé. Car c'est dans ce pays d'Europe où ils ouvrent le plus tard. C’est une source de fierté pour les Espagnols qui affirment être les rois de la fête et avoir la meilleure vie nocturne du monde. Ces horaires tardifs, on pourrait presque demander à l’UNESCO de les inscrire au patrimoine immatériel de l’humanité.
Seulement voilà, l’actuel gouvernement socialiste estime que c’est "déraisonnable". C’est la ministre du Travail Yolanda Diaz qui l’affirme. Il est, selon elle, déraisonnable d’ouvrir les restaurants jusqu'à une heure du matin et les bars plus tard encore.
"C’est de la folie" dit-elle.
Elle affirme défendre la santé des salariés. Selon cette ministre, qui est aussi avocate spécialisée dans le droit du travail, à partir de 22 heures, on entre dans le travail nocturne et cela présente des risques pour la santé mentale des salariés. Sans compter que l’organisation du travail en Espagne débouche souvent sur des journées à rallonge, avec une grande coupure à la mi-journée. L'Espagne est ainsi le pays d'Europe où l'on travaille le plus après 18h. Ce qui n’est pas favorable à la vie de famille.
Contestation chez les professionnels du secteur
La question des horaires de travail devrait donc être posée sur la table lors des discussions qui sont prévues sur la réduction du temps de travail. La durée hebdomadaire est actuellement de 40 heures et devrait passer à 37,5 heures.
Mais l’idée de fermer les restaurants plus tôt n’était pas dans le programme des socialistes et déclenche une levée de boucliers. La présidente de la région de Madrid Isabel Díaz Ayuso, élue du Parti Populaire, le parti de droite, se demande si le gouvernement veut faire des Espagnols, "des puritains, des socialistes, sans âme, sans lumière et sans restaurants".
Le syndicat des hôteliers Hostelería de España pointe le risque que l'Espagne devienne plus "ennuyeuse que les pays nordiques, où l'on rentre chez soi à 18h, car plus rien n'est ouvert". On a donc un beau débat entre les fêtards et ceux qui veulent protéger les salariés. Entre les partisans des soirées à l’espagnole et ceux qui préfèrent les soirées allemandes.