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"La France se fourvoie": la réforme de l'assurance chômage divise

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La réforme de l'assurance chômage, qui va augmenter la durée de travail pour avoir droit aux indemnisations, divise. Sur RMC, ce vendredi, un cadre de France Travail estime que cette réforme est "correcte", mais que la méthode d'aide au retour à l'emploi doit être entièrement revue.

Nouveau tour de vis du gouvernement sur l'assurance chômage. La ministre du Travail Catherine Vautrin a présenté les contours de la nouvelle réforme de l'assurance chômage. De quoi provoquer le courroux des syndicats.

Alors qu'actuellement, il faut avoir exercé 6 mois d'activité salariée dans les 24 derniers mois pour avoir droit à une allocation-chômage, les conditions vont être nettement durcies: il faudrait désormais avoir travaillé 8 mois dans les 20 derniers mois pour en bénéficier. Selon le ministère du Travail, une telle mesure pourrait permettre 3,6 milliards d’économies en année pleine et augmenter de "90.000 le nombre de personnes en emploi".

Si le patronat y est favorable, les syndicats, eux, sont vent debout et affirment, à partir d’estimations faîtes par l’Unedic, que cela toucherait particulièrement les jeunes de moins de 25 ans, les allocataires les moins bien indemnisés et les précaires.

"C'est une énième réforme qui tape toujours dans le même sens", déplore ce vendredi sur le plateau d'Estelle Midi, Marie Lacoste, secrétaire nationale du mouvement des chômeurs et des précaires.

8 mois de travail au lieu de 6 pour toucher le chômage : d'accord, pas d'accord ? - 24/05
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"Bêtise"

Cadre à France Travail en Corrèze, Xavier juge lui que cette réforme est "correcte" mais estime que la méthode générale d'aide au retour à l'emploi ne fonctionne pas en France. "Je ne vois pas le sujet sous l’angle budgétaire mais en termes de difficulté de recherche de main d’œuvre. On a de grosses difficultés pour pourvoir les postes", alerte-t-il sur RMC et RMC Story.

"La France se fourvoie. A une époque, on accordait des droits prolongés à des gens qui faisaient des efforts de recherche d’emploi. Aujourd’hui, ça n’existe plus. On fait des règles qui s’appliquent à tous de la même manière et c’est une bêtise", tacle-t-il.

Il appelle à aider ceux qui n’ont pas de réseau et les personnes non qualifiées. Et explique que c’est grâce à l’immigration actuelle que de nombreux emplois sont pourvus.

Des difficultés pour recruter

C'est ce que confirme Stéphane, qui peine à recruter: "On forme les gens pendant un mois pour faire des travaux simples, on les accompagne et ils ne restent pas. Ce sont des chefs d'entreprise qui prennent du temps et les travailleurs ne viennent même pas à l'heure, ils posent un arrêt-maladie, s'en vont au bout de trois mois, ils s'en fichent", peste-t-il.

"Résultat, on appelle un Slovène, un Congolais, un Marocain... On sait qu'ils ont envie de travailler, on est content de les avoir, on les régularise et on les remercie", ajoute Stéphane.

Ce n’est pas le premier tour de vis dans le domaine. Jusqu’en 2021, il suffisait d’avoir travaillé 4 mois sur les 27 précédents pour bénéficier de l'ouverture des droits au chômage.

Guillaume Dussourt Journaliste BFMTV-RMC