Assurance chômage: pourquoi la réforme va surtout impacter les jeunes et les précaires

Les contours de la nouvelle réforme de l'assurance chômage, la troisième réforme de l'assurance chômage en six ans, sont présentés par la ministre du Travail, de la Santé et des Solidarités Catherine Vautrin aux partenaires sociaux. Devant entrer en vigueur à l'automne, elle sera faite par décret, et les concertations sont encore en cours.
Dès fin mars, Gabriel Attal confirmait qu'une nouvelle réforme “globale” de l'assurance-chômage était sur le feu. Il avait alors évoqué vouloir réduire la durée d'indemnisation "de plusieurs mois". Et en effet, pour pouvoir ouvrir des droits à l'assurance chômage, il faudra travailler plus longtemps: 8 mois dans les 20 derniers écoulés, contre 6 dans les 24 derniers mois actuellement.
Cette réforme impacterait en premier lieu les jeunes et les plus précaires. Comme Mehdi, qui vient de démissionner. À 22 ans, il se retrouve donc sans chômage. Et pour ouvrir ses droits, il devra travailler deux mois de plus que prévu si la réforme passe. Une mesure qu’il trouve injuste.
“C’est archi violent. Ce n’est pas en disant ‘va travailler, c’est simple’ que ça devient une réalité. Je ne sais pas ce que je vais faire. Je vais devoir retrouver un emploi, mais qui ne sera pas ce que je voulais”, pointe-t-il.
Une mesure peu efficace pour retrouver le plein-emploi?
Ce changement de calcul va surtout affecter les jeunes, mais aussi les précaires qui enchaînent les contrats courts. “L’intérim, ce sont des missions courtes d’une journée à un mois si on a de la chance. Donc, pour obtenir ce nouveau cumul d’heures, ça va être forcément beaucoup plus compliqué”, craint Pascal, chargé d'affaires dans une boîte d’intérim.
Avec cette réforme, le gouvernement veut faire 3,6 milliards d’euros d’économies et pousser 90.000 Français à reprendre un travail. Un lien de cause à effet qui n’est pas établi selon l'économiste Bruno Coquet.
“Est-ce qu’on a créé les emplois une fois qu'on a fait ça? Non. En revanche, on a obligé des gens très diplômés à prendre des emplois peu qualifiés. Et donc ils prennent la place de quelqu’un qui aurait pu les occuper plus spontanément”, pointe-t-il.
Pour lui, surtout, cette mesure n’est pas efficace. Pour atteindre l’objectif de plein-emploi d'Emmanuel Macron, il faudrait que 750.000 chômeurs retrouvent du travail.