"La part du gâteau est réduite": faut-il réguler le nombre de restaurants?

Panique dans l'assiette. En 2023, 7.200 restaurants ont fermé, soit 44% de plus que l'année précédente. Les raisons? La baisse de la fréquentation, mais aussi la concurrence parfois trop féroce avec de plus en plus de restaurants qui ouvrent leurs portes.
C'est le cas notamment à Bordeaux, où l'on recense un restaurant pour 276 habitants, un record national. L'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (Umih) propose un numérus clausus, une régulation du nombre de restaurateurs dans la ville, alors que la municipalité limite déjà la création de nouveaux restaurants dans certaines zones du centre-ville.
Dans ce même centre-ville, Paul, qui tient un petit restaurant de spécialités italiennes, a vu son quartier se métamorphoser. "La rue est petite, on a vu disparaître deux boutiques remplacées par des restaurants", explique-t-il à RMC. "Dans notre créneau restauration, il y a une offre qui s'est énormément développée à Bordeaux en trois, quatre ans".
Une "surpopulation" de restaurants
Selon lui, le nombre de concurrents directs autour de lui a doublé. Résultat, il a perdu 50% de son chiffre d'affaires. Il doit placer son restaurant en redressement. Pour lui, la concurrence est le principal problème: "La part du gâteau est réduite. On se pose beaucoup de questions pour poursuivre l'activité. Ce serait intéressant d'avoir une sorte de régulation", plaide-t-il.
"Dans certaines grandes villes, il y a une surpopulation de restaurants", explique Franck Chaumès, président de l'Umih restauration. "C'est surtout sur les changements d'affectation de locaux", précise-t-il sur le plateau d'Apolline Matin. "Il y a une nouvelle génération qui achète un magasin de vêtements ou de souvenirs pour en faire un restaurant. Et une fois que c'est transformé en restaurant, ça ne redevient jamais un magasin", explique le restaurateur.
Les restaurateurs partagés
Réduire le nombre de restaurants, c'est une bonne idée pour Elisabeth, également restauratrice à Bordeaux: "Je trouve ça bien parce qu'on a un problème de concurrence. Le nombre de personnes est le même mais il y a de plus en plus de restaurants".
Franck, lui, n’est pas d’accord. Malgré les difficultés que sa crêperie traverse, il ne souhaite pas limiter la concurrence. "Il faut laisser faire les gens. Ils veulent investir et créer. La concurrence est une chose saine. L'économie va se réguler par elle-même", estime-t-il.
"Être restaurateur, ça ne s'improvise pas"
De son côté, Franck Chaumès, le président de l'Umih restauration, pointe aussi de nouveaux entrants mal préparés. "Pour ouvrir un salon de coiffure, il faut un CAP coiffure. Il faut revoir les conditions pour être restaurateur, cela ne s'improvise pas, ce n'est pas comme à la télévision, ce n'est pas juste porter des assiettes. Il faut être RH, commerçant, acheteur, on nous demande tout un tas de qualité sans formations. Il faut durcir l'accès à l'entreprise", martèle-t-il.
"Quand on dépose un bilan, on perd ses biens et on met d'autres personnes en difficulté", ajoute Franck Chaumès.
Ce numérus clausus devrait s'appliquer selon lui aussi aux fast-foods: "Les règles d'hygiène et de sécurité, de la restauration rapide à la restauration étoilée, sont les mêmes. Il faut être plus dur avec l'accessibilité à devenir chef d'entreprise dans notre secteur".