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Le congé sabbatique comme alternative à la démission: "Un très bon outil de reconversion"

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De nombreux Français rêveraient de prendre un congé sabbatique, encore méconnu, pour se reconvertir ou voyager. Sur RMC, Jean-Christophe Sciberras, ancien président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines, prône "d'utiliser le congé sabbatique quand on a envie de changer de travail ou si on en a trouvé un autre, plutôt que d'envoyer sa lettre de démission".

81% des Français rêvent de prendre un congé sabbatique, selon Le Figaro emploi. "C'est un droit mais très peu de gens le font, notamment pour la question des ressources", a expliqué ce mercredi sur RMC, dans Estelle Midi, Jean-Christophe Sciberras, président de la société de conseil NewBridges et ancien président de l'Association nationale des directeurs des ressources humaines.

Pas de rémunération mais l'assurance de retrouver son poste

Les règles sont strictes. Pour pouvoir prendre un congé sabbatique, dont la durée varie entre 6 mois minimum et 11 mois maximum, le candidat doit faire sa demande trois mois à l’avance et justifier d'une ancienneté d’au moins 36 mois dans l'entreprise. Il faut également justifier d’au moins 6 années d'activité professionnelle et ne pas avoir bénéficié au cours des 6 derniers mois dans la même entreprise d’un autre congé sabbatique.

81% des Français rêvent d'un congé sabbatique : ça vous tente ? - 29/05
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L’employeur a alors 30 jours pour vous répondre. S’il accepte, l’affaire est réglée. Mais il également peut demander un report des dates proposées ou refuser. Un refus qui doit être motivé.

Si le congé est accordé, le contrat de travail du salarié est suspendu et, sauf dispositions conventionnelles contraires, le salarié ne perçoit pas de rémunération. Il a toutefois la possibilité de financer ce congé avec une partie de ses congés payés. Une fois de retour, il retrouve son poste ou un poste similaire avec la même rémunération qu’à son départ.

Des âges plus faciles pour prendre un congé sabbatique

"Il y a un grand écart entre le rêve et la réalité. C'est un droit mais très peu de gens le font, notamment pour la question des ressources. Tout le monde n'a pas forcément accumulé un CET ou un magot sur son matelas pour se payer ce genre de choses", a expliqué Jean-Christophe Sciberras.

"Il y a des âges où c'est un peu plus facile, si on n'a pas d'enfants ou si on est proche de la retraite. Les raisons sont multiples, on peut vouloir faire un break, on peut parfois être usé, avoir envie de réfléchir à ce qu'on veut faire par la suite ou voyager", a-t-il poursuivi. "Dans les sondages, la moitié des gens disent prendre un congé sabbatique pour voyager."

"C'est un très bon outil de reconversion. Vous arrivez dans une nouvelle boîte, ce n'est pas toujours ce que vous croyiez, il y a la question de la greffe dans un nouvel environnement".

"Porte de secours"

"J'ai travaillé dans un grand groupe bancaire, je n'imaginais pas ma vie ailleurs. J'ai eu une très belle opportunité il y a trois ans. Avec le congé sabbatique, j'ai pu tenter l'aventure et conserver une porte de secours afin de revenir vers l'entreprise", a témoigné Gwendal, auditeur RMC.

"Certains démissionnent et passée la période d'essai, si elle s'est mal passée, ils se retrouvent sans rien. Le message d'intérêt général qu'on peut lancer, c'est d'utiliser le congé sabbatique quand on a envie de changer de travail ou si on en a trouvé un autre plutôt que d'envoyer sa lettre de démission" a prôné Jean-Christophe Sciberras.

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Lors du retour, "le problème est dans votre tête"

"Si vous êtes dans des activités de production ou employé, parfois répétitives, franchement, ça ne pose pas trop de problèmes. Le problème, c'est dans votre tête, vous vous dites 'je reviens en arrière', alors que le congé sabbatique est fait pour aller de l'avant. Il peut y avoir une difficulté à retrouver une sérénité dans son boulot".

"Les postes avec grosses responsabilités, la boîte peut avoir avancé pendant votre absence, vous n'êtes plus dans le coup, il y a un risque de décalage, la personne qui a occupé votre poste peut être mieux que vous. C'est un exercice aléatoire", a prévenu Jean-Christophe Sciberras. "La boite peut dire 'tu es revenu mais tu n'es pas le même qu'avant, tu es moins bien'".

"Deux ans de salaire pour partir un an"

"J'ai pris un an et demi pour faire ce que j'aime, à savoir le triathlon, et faire l'Ironman à Nice, tout en ayant une activité intellectuelle à côté. Je donnais des cours de mathématiques à des collégiens et lycéens", a également confié Christophe, auditeur RMC.

"J'ai vécu ma plus belle année. C'était très valorisant. Je suis revenu dans le monde du travail, les premières semaines ont été compliquées mais le travail a beaucoup changé. Avec le télétravail, on n'a pas cette routine avec le costume et être enfermé avec tout le monde. Il faut avoir deux ans de salaire pour partir un an", a-t-il toutefois prévenu.

LM