"Le ramassage des ordures est un scandale": à Marseille, la grève des éboueurs cristallise les tensions
Les poubelles débordent à Marseille. La raison ? une énième grève des éboueurs, en lutte contre la Métropole Aix-Marseille-Provence qui leur demande de travailler 28 jours de plus par an qu’actuellement, alors que les agents d’entretien bénéficient, en raison de la pénibilité reconnue de leur métier, d’un régime spécial, avantageux notamment sur les temps de travail.
"Est-ce que les Marseillais accepteraient de travailler 28 jours de plus sans un euro de plus? La grève était inévitable et tout le monde le sait", défend au micro de RMC Patrick Rué, leader du syndicat FO à Marseille alors que les poubelles s’entassent sur les trottoirs de la cité phocéenne.
"La seule façon de sortir du conflit c’est que les élus métropolitains prennent leurs responsabilités et fassent une proposition digne de ce nom », renchérit sur le plateau des "Grandes Gueules" Véronique Dolot, de la CGT Métropole Aix-Marseille-Provence. Elle ajoute que la pénibilité au travail raccourci l’espérance de vie des éboueurs et déplore le manque de suivi médical dans la profession:
"Je vous entends marteler que les éboueurs doivent travailler plus, cela veut dire qu’il faudrait qu’ils vivent moins longtemps!", assène-t-elle aux "Grandes Gueules". "La loi dit qu’il faut travailler 1607 heures par an pour les fonctionnaires mais permet des arrangements en fonction de la pénibilité. Entre une secrétaire qui travaille dans un bureau climatisé et un éboueur qui porte 20 tonnes de déchets par jour, vous pensez qu'ils ont besoin du même temps de travail ?", questionne-t-elle ?
Et si les éboueurs marseillais travaillent moins que leurs homologues lyonnais ou parisien, c'est parce que le travail serait plus dur dans la cité phocéenne, avance Véronique Dolot. Pourquoi? en raison de la concentration de population, explique la syndicaliste qui invite les "Grandes Gueules" à venir faire une tournée avant de recevoir une invitation de Barbara Lefebvre à venir enseigner dans une discussion houleuse.
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"Ils travaillent entre 3h et 3h30 par jour de manière exécrable"
De son côté, la Métropole, assure que les négociations vont se poursuivre toute la semaine, sur le temps de travail et sur d’autres revendications dans le but de sortir au plus vite du conflit.
En attendant, certains Marseillais pestent alors que depuis 2015, les éboueurs de la cité phocéenne font au moins une grève par an, 2018 exclu. "A Marseille, les éboueurs municipaux, c’est un scandale. Ils travaillent entre 3h et 3h30 par jour de manière exécrable. La dame de la CGT, je vais lui dire, je vais aller derrière la benne avec eux et leur faire voir tout ce qu’ils ne font pas. Ce qui tombe à côté de la benne, ils s'en foutent, ils ne le ramassent pas", peste toujours dans les "Grandes Gueules", Patrick, un habitant des Bouches-du-Rhône. "
"Pourquoi les éboueurs ne veulent pas travailler plus ? Parce que les trois quarts d’entre eux font des journées derrière au black dans la maçonnerie, la peinture, le carrelage. Et d’autres sont patrons de restaurants, de bars de fourgons de pizza et compagnie et bien entendu en sous-nom. J’ai 61 ans et ça fait 61 ans que le ramassage des ordures à Marseille est un scandale. Et personne, ni de gauche, ni de droite n’a jamais rien fait", ajoute-t-il.
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"Le respect commence dans la façon dont on jette ses poubelles"
"Avant même de parler d’horaires ce qui est légitime, il faut parler de la qualité de leur travail. C’est lamentable, n’importe quel Marseillais confirmera ce que je vous dis", dénonce également Olivier, qui vit aussi à Marseille. "Le ramassage des poubelles se fait parfois à l’heure de pointe sur des axes où l’on ne peut même plus circuler. Il y a un manque de respect".
Il déplore aussi le manque de respect de certains Marseillais "qui entassent les poubelles n’importe où, n’importe comment". "Le respect commence dans la façon dont on jette ses poubelles. Derrière, on les ramasse n’importe comment et on ne respecte pas les horaires", ajoute Olivier, racontant aussi que les éboueurs travaillent à côté.
Dans les années 70, la municipalité alors sous la coupelle de Gaston Deferre avait offerts aux éboueurs de la ville le fini-parti, autorisant ceux-ci à quitter leur poste une fois leur tournée effectuée, sans durée minimum. Cet avantage avait été abrogé en 2014, la chambre régionale des comptes estimant qu'il leur permettait de ne travailler que 3h30 par jour.
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